Échappée très belle : En Touraine

Lundi 20 juin 2022, gare de Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), venant des quatre points cardinaux, un groupe d’amateurs de jardins se forme pour visiter parcs, jardins et châteaux. Des visites organisées par la section Arbres et arbustes d’ornement de la SNHF qui voulait faire découvrir les merveilles du département. Reportage en images…

Parc de la Perraudière
La réhabilitation d’un parc historique aux arbres remarquables

« Grand voyageur, François W. Melizet rapporte de ses voyages des plantes exotiques qu’il acclimate à la Perraudière », explique Françoise Roullier, vice-présidente de la Société d’horticulture de Touraine (SHOT) en faisant découvrir le domaine qu’elle connaît bien, pour avoir participé à sa réhabilitation. Il fut acheté en 1870 par cet Américain résidant à Paris. Propriété aujourd’hui de Saint Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire), ses cinq hectares font de lui le plus grand parc de la ville. « Il domine la Loire, classée au patrimoine mondial par l’Unesco », aime à souligner la municipalité.

On trouve dans le parc plus de cent vingt espèces végétales étiquetées qui en font un véritable arboretum: noyer de Chine (Pterocarya stenoptera), mûrier blanc (Morus alba) qui rappelle que Tours fut cité de la soie jusqu’au XVIIIe siècle, orme du Caucase ou faux-orme de Sibérie (Zelkova carpinifolia), chêne vert (Quercus ilex), un des arbres classés « Arbre remarquable » du parc, deux cèdres du Liban (Cedrus libani) plus que centenaires se faisant face, pour n’en citer que quelques-uns. Bel exemple de réhabilitation d’un parc du XIXe siècle, c’est un lieu de promenade, dans lequel sont organisés des spectacles et des expositions.

Murier blanc
Mûrier blanc (Morus alba) © M. Fruneau
Orme du Caucase
Orme du Caucase (Zelkova carpinifolia) © M. Fruneau
Noyer de Chine
Noyer de Chine (Pterocarya tenoptera) © M. Fruneau

Le Jardin botanique de Tours et son fameux ginkgo

Le Jardin botanique de Tours, d’environ 5,8 hectares, a été réalisé en 1843 et 1844. Il est divisé en plusieurs espaces : parc animalier, jardin de plantes médicinales, jardin thématique avec son jardin japonisant et l’arboretum riche de 200 espèces. Il recèle un Ginkgo biloba planté en 1845, un des plus imposants d’Europe avec sept mètres de circonférence pour une hauteur de 23 mètres. Classé « Arbre remarquable » en 2011, c’est un sujet mâle sur lequel a été greffée une branche femelle en 1910.

Ginkgo biloba
Le Ginkgo biloba l’un des plus imposants d’Europe © M. Fruneau
Jardin Japonisant
Le jardin japonisant © M. Fruneau

Prieuré Saint-Cosme
Demeure de Ronsard et son potager

« Au XIIe siècle, les chanoines parlaient d’un paradis sur terre permettant d’atteindre plus facilement le vrai paradis. » Aujourd’hui propriété du Conseil départemental d’Indre-et-Loire, le prieuré Saint-Cosme est dirigé par Vincent Guidault, qui nous présente le potager des moines. Comme au Moyen Âge, il est constitué de douze carrés. Alimentaire, il valorise les légumes qu’on faisait cuire dans un pot: choux, lentilles et pois chiches, herbes aromatiques utilisées comme condiments, souvent à la place du sel, légumes perpétuels comme l’oignon rocambole ou la nigelle cultivée (Nigella sativa) au goût piquant, qui remplace le poivre.

Jardin du prieuré Saint-Cosme
Le jardin du prieuré Saint-Cosme datant du Moyen Âge © M. Fruneau
Oignon rocambole
L’oignon rocambole exemple de plante cultivée pour ses arômes permettant d’épicer les plats © M. Fruneau

Jardin des Prébendes d’Oé « Remarquable »

Ce parc de cinq hectares, un des plus grands jardins du centre-ville de Tours, créé en 1872, est classé « Jardin remarquable ». Gilbert Flabeau, ex-responsable du Jardin botanique de Tours, présente des spécimens d’un grand intérêt: séquoias géants (Sequoiadendron giganteum) âgés de plus de 150 ans culminant à 35 mètres, sapin d’Espagne (Abies pinsapo), cèdre du Liban (Cedrus libani), cyprès chauve (Taxodium distichum) et ses pneumatophores.

Sapin d'Espagne
Sapin d’Espagne (Abies pinsapo) © M. Fruneau
Cyprès chauve
Cyprès chauve (Taxodium distichum) © M. Fruneau
Pneumatophores
Pneumatophores du Cyprès chauve © M. Fruneau

Chédigny Village-jardin

Chédigny est le seul village de France porteur du label « Jardin remarquable ». Le jardin du presbytère, jardin de curé par excellence, jouxte l’église. On y trouve un foisonnement de vivaces mêlées à des bisannuelles qui se ressèment çà et là. Une pergola, fleurie et gourmande, sépare la partie fleurie du potager, où se côtoient des légumes anciens et des légumes perpétuels.

Pergola
Une pergola, fleurie et gourmande, sépare la partie fleurie du potager © M. Fruneau

Chenonceau
Le Château des dames

Le château de Chenonceau est surnommé « Le Château des dames » pour rappeler les personnalités féminines qui en ont eu la charge : Diane de Poitiers, Catherine de Médicis, Louise de Lorraine, Louise Dupin, entre autres. Son principal atout est le pont à deux étages qui enjambe le Cher. Les jardins à la française de Catherine de Médicis et de Diane de Poitiers sont installés sur des terrasses qui dominent le Cher.

Pont à deux étages
Le pont à deux étages, atout majeur du château de Chenonceau © M. Fruneau
Chenonceau
Jardin du château de Chenonceau © M. Fruneau

Château du Rivau
Des jardins contes de fée

L’ensemble du domaine du Rivau, composé d’un château fort du Moyen Âge, d’écuries royales de la Renaissance, d’une grange dîmière et d’un pressoir, est agrémenté de jardins. Après le jardin de Gargantua, clin d’œil à Rabelais qui cite Le Rivau à plusieurs reprises dans son œuvre, on parcourt le Verger du Paradis, le Jardin du Petit Poucet avec ses graminées géantes dans lesquelles il serait facile de perdre son chemin, la Forêt enchantée, le Bois Amoureux ou la Forêt qui court. Ils permettent de découvrir une belle richesse botanique avec plusieurs collections classées CCVS. La plupart des jardins sont monochromes : rouge pour l’Allée des Fées, jaune pour le Jardin du Petit Poucet, violacé pour le Jardin de Raiponce, bichromatique pour l’Allée des senteurs. Dans les pièces inhabitées du château sont installées des collections et œuvres d’artistes contemporains.

Chateau du rivau
Un château souvent cité par Rabelais… © M. Fruneau
Chateau Rabelais
Des allusions aux œuvres fantastiques de l’auteur… © D.R
Végétation luxuriante
Derrière la végétation luxuriante se cachent d’étranges animaux © M. Fruneau

Ces trois jours en Touraine ont été une véritable échappée belle. Nous avons rencontré des reines, Catherine de Médicis et ses filles, des poètes et écrivains, Ronsard et Rabelais. Nous nous sommes ressourcés dans des parcs et jardins variés et complémentaires, toujours accompagnés de guides partageant leur passion.

Touraine
© M. Fruneau

Mary Fruneau
Présidente de la section AAO (Arbres et arbustes d’ornement) de la SNHF