Deux journées dans la Marne

Après de longs mois de séparation, pour cause sanitaire, la section  Plantes vivaces de la SNHF a pu renouer, en octobre 2021, avec la tradition de ses voyages en région. Une vingtaine de participants ont ainsi pu effectuer deux journées de visites en Champagne, coorganisées avec la Société d’horticulture de Reims, société adhérente de la SNHF. Convivialité et belles découvertes étaient au rendez-vous.

Ville de Reims
Ville de Reims

Conduit par Michel Grésille, président de la section Plantes vivaces de la SNHF, un petit groupe de participants est arrivé en train à Reims de bon matin, le jeudi 14 octobre, accueilli par Monique Gérardin, secrétaire générale de la Société d’horticulture de Reims (SHR), et Éric Lavoisy, son président, également directeur des espaces verts de la ville.

Les espaces verts de Reims

Première découverte sous la conduite de ce dernier, la « trame vert et bleue », récemment inaugurée au centre de Reims après d’importants travaux, est une promenade reliant le centre-ville à ses faubourgs. Elle offre un espace paysagé à la fois ouvert et architecturé très agréable. Cette première découverte s’est terminée par la visite d’un petit paradis végétal au cœur de la ville, le jardin de l’horticulture portant le nom de Pierre Schneiter (1905-1979) ministre sous la IVe République, maire de Reims dans les années 1950, mais aussi président de la SNHF, de 1960 à 1979. Le groupe a ensuite été reçu au pavillon du Trianon, très joli siège de la SHR.

La forêt domaniale de Verzy : à la rencontre des « faux »

L’étape suivante concernait la forêt domaniale de Verzy, qui renferme une rareté de la nature, quelque 800 hêtres tortillards appelés « faux ». Classé et protégé au niveau national depuis 1932, ce site est classé réserve biologique depuis 1981. C’est la station la plus remarquable au monde de hêtres tortueux. Représentant de l’Office national des forêts sur le site, Denis Rabaté a conté avec verve aux participants l’histoire de cette forêt si remarquable. Les hêtres forment des tonnelles sous lesquelles il est possible de s’abriter. On y trouve également un « fau » chêne. Par un phénomène naturel incroyable, certains pieds commencent à pousser tortillards et redeviennent droits par la suite.

Le parc de Champagne : social avant l’heure ?

Sur le chemin de retour vers Reims, le groupe s’est arrêté au parc de Champagne, créé en 1910, à l’initiative du marquis Melchior de Polignac, directeur de la maison de champagne Pommery, pour le bien-être de son personnel travaillant dans les caves. Conçu par le paysagiste Édouard Redont, cet espace associe un parc paysager à de nombreux équipements sportifs et de loisirs de plein air.

La « trame verte et bleue » est une promenade, récemment inaugurée au centre de la ville de Reims. Elle relie le centre-ville à ses faubourgs, offrant un espace paysagé à la fois ouvert et architecturé très agréable.
La « trame verte et bleue » est une promenade, récemment inaugurée au centre de la ville de Reims. Elle relie le centre-ville à ses faubourgs, offrant un espace paysagé à la fois ouvert et architecturé très agréable.

Le jardin botanique de la Presle : une encyclopédie horticole sur pied

Après avoir débuté sa deuxième journée par une visite privée commentée de la cathédrale de Reims, le groupe a rejoint le jardin botanique de la Presle, à Nanteuil-la-Forêt. Fruit de la passion et du travail d’Édith et Dominique Brochet, il est classé Jardin remarquable. Il regroupe des collections de saules, de spirées, agréées CCVS, de seringats, de deutzias, de chèvrefeuilles, de rosiers, de plantes alpines, de plantes d’Asie centrale et d’autres contrées. Toutes ces collections labellisées constituent presque une « encyclopédie horticole sur pied » tant la diversité y est exceptionnelle. Dominique Brochet a d’ailleurs rendu compte de son expérience et de cette richesse botanique dans plusieurs ouvrages.

La forêt domaniale de Verzy renferme une rareté de la nature : 800  hêtres tortillards appelés « faux ». L’incontournable cathédrale de Reims a vu le sacre de 31 des 39 rois capétiens qui ont régné sur le royaume de France. Michel Grésille, président de la section Plantes vivaces de la SNHF, a su apprécier les tonnelles formées par les hêtres de la forêt de Verzy, sous lesquels il est possible de s’abriter.

La cave aux coquillages : la préhistoire dans le calcaire

La cave aux coquillages est creusée dans un coteau de Fleury-la Rivière, dans le Parc naturel régional de la Montagne de Reims. Au milieu de l’ère tertiaire, au Lutétien, il y a 45 millions d’années, la Champagne, qui connaissait un climat tropical, était recouverte d’une mer chaude. Plages, coquillages et crustacés, requins et oursins, coraux et sables chauds constituaient le paysage à cette époque. Les viticulteurs de Champagne ont creusé des caves sous leurs vignes dans cette couche sédimentaire, à une vingtaine de mètres de profondeur. Une température et une hygrométrie constantes en ont fait un lieu idéal pour la maturation du champagne, exempté de taxes foncières qui plus est ! C’est dans cette couche calcaire et sablonneuse que Patrice Legrand, viticulteur et paléontologue avisé, a choisi de mettre en valeur ce patrimoine géologique dans la « cave aux coquillages », créant ainsi l’« œnogéologie ». La star de ce lieu extraordinaire est le Campaniles giganteum, un gastéropode de quarante à soixante centimètres de long, au milieu d’oursins, d’huîtres et autres gastéropodes.

La cave aux coquillages © E. Baudelet, A.-M. Errecondo, E. et J.-M. Souil
La cave aux coquillages © E. Baudelet, A.-M. Errecondo, E. et J.-M. Souil
© E. Baudelet, A.-M. Errecondo, E. et J.-M. Souil
© E. Baudelet, A.-M. Errecondo, E. et J.-M. Souil

Champagne pour conclure le voyage !

En cette fin de journée, rien de tel qu’une dégustation de champagne… L’exploitation de Rémy Payer s’étend sur 4,8 hectares, sur les communes de Fleury-la-Rivière, Damery et Vauciennes. Le champagne Payer fut créé en 1854, et la famille Payer est impliquée création de la coopérative de Fleury en 1954 et de la coopérative régionale des vins de champagne en 1962.

Marie-Christine Moreau et Jean-Marie Souil, section Plantes vivaces de la SNHF