Des oiseaux au service des végétaux

Noëlle DorionDavid Busti

Pour perpétrer son espèce, la plante déploie des trésors d’ingéniosité. Les animaux sont un vecteur important de cette dispersion. Parmi eux, les oiseaux jouent un tout premier rôle.

 

Fauvette à tête noire (juvénile), en train de consommer une baie de sureau noir - © J.-P. Moussus

Fauvette à tête noire (juvénile), en train de consommer une baie de sureau noir - © J.-P. Moussus

 

Pour coloniser son milieu proche ou lointain, la plante incapable de se déplacer utilise ses graines (multiplication sexuée), parfois les fruits entiers ou divers systèmes de multiplication végétative naturelle (marcottage, bulbilles…). La dispersion des graines (chorie) met en œuvre des stratégies sophistiquées et spectaculaires. Quelquefois, l’explosion du fruit propulse les graines à distance de la plante mère (autochorie). Rappelez-vous cette Impatiens qui envahit naturellement votre jardin et dont les fruits « à ressort » fascinent tant les enfants ! Le vent prend en charge les fruits plumeux ou ailés (anémochorie). On se souvient tous des akènes de pissenlit s’envolant de l’inflorescence au gré du vent ou de notre souffle, ou encore des samares d’érable tournoyant telles des pales d’hélicoptères dans les cours de récréation. A l’image des radeaux, certaines graines se laissent flotter au fil de l’eau (hydrochorie) avant de coloniser d’autres berges. C’est le cas du cocotier qui emprisonne de l’air dans la fibre de sa noix pour faciliter la flottaison.

 

Un avenir livré aux animaux

Les graines ou les fruits peuvent aussi, tels des passagers clandestins, faire le voyage incognito avec les animaux (zoochorie). Dans ce cas, plusieurs stratégies sont développées. Dans l’épizoochorie, le transport de la graine se fait « sur » l’animal, accrochée aux poils, aux becs, aux pattes et aux sabots mais aussi aux chaussettes et autres vêtements des promeneurs. Inversement, quand le transport se fait après ingestion par un animal et rejet dans les excréments, on parle d’endozoochorie. Dans cette stratégie, qui concerne particulièrement les oiseaux, le fruit a un rôle attractif (couleur, goût, valeur nutritive). Enfin le dernier stratagème est la synzoochorie. La plante qui utilise cette méthode prend des risques car elle livre son avenir aux animaux qui consomment les graines et font des réserves pour l’hiver (geais, écureuils...). Ce sont donc les stocks en trop, oubliés ou perdus, qui assurent la dissémination.

 

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