Comment débarrasser son gazon de la mousse?

Chaque année, dès le mois d’octobre et au printemps, les mousses montrent une fâcheuse tendance à envahir nos gazons. Mais sont-elles réellement « agressives » ou est-ce nous qui ne faisons pas tout pour éviter qu’elles ne se développent ?

Un gazon sans mousse est un gazon sans espaces lacunaires © Compo Expert

Tout l’enjeu à comprendre est là : si vous avez des mousses dans votre gazon, c’est qu’elles ont trouvé des espaces lacunaires, c’est-à-dire des vides pour venir s’installer. En clair, votre gazon a manqué à un moment ou un autre de densité. Intéressons-nous donc au mode de fonctionnement des mousses, aux mesures pour s’en débarrasser, et surtout, aux actions à mettre en place pour ne pas les voir
revenir.

Une grande diversité de mousses

Les mousses sont des végétaux de petite taille à la base de l’évolution végétale. Elles ne disposent ni de vaisseaux ni de lignine, et n’ont pas de vraies racines. La fixation au sol est assurée par de fins filaments, les rhizoïdes. Leur cuticule est peu épaisse. La reproduction asexuée est dominante, même si la reproduction sexuée est possible.

Il existe une très grande diversité de mousses : plus de 1 000 espèces en France. Elles sont capables de s’adapter à tous les habitats, ce qui fait qu’on les retrouve dans les gazons, sur le tronc des arbres, sur du mobilier urbain, dans les joints des pavés, dans des grottes, même sur le bitume parfois ! Les mousses ont une forte dépendance à l’eau. Certaines d’entre elles tolèrent la dessiccation, mais en général, en conditions sèches, elles se mettent en dormance et leur métabolisme est stoppé. Dès que l’eau est à nouveau présente, la photosynthèse reprend. C’est cette faculté de reviviscence qui explique pourquoi les mousses reviennent dès l’automne avec les premières pluies, après avoir potentiellement disparu pendant l’été. Ainsi des conditions particulièrement humides ou des arrosages trop copieux seront à l’origine d’un développement important.

Figure n° 1: Présence de mousses (%) dans les gazons selon la fertilisation azotée © I. Cadiou, Établissement national d’enseignement agronomique, Dijon (2007)

Mousses vs gazon

Ces mousses, pour effectuer la photosynthèse, nécessitent une intensité lumineuse nettement plus faible que le gazon. C’est la raison pour laquelle, à l’ombre, le gazon dépérit, perd en densité et libère des espaces vides dans lesquels les mousses viennent s’installer car pour elles, a contrario, l’ombre ne constitue pas un problème. Vous les retrouverez donc le long d’un muret ou sous l’appareil aérien d’un arbre, etc. Si on retrouve de la mousse à l’ombre, c’est d’abord parce que ces conditions de faible luminosité défavorisent le gazon.

Ces mousses présentent aussi de très faibles besoins nutritifs, ce qui n’est pas le cas du gazon. Rappelons qu’un gazon d’agrément ou d’ornement devrait au bas mot être fertilisé à raison de deux à trois apports annuels d’engrais (mars, septembre, novembre) à hauteur de 150 à 200 unités d’azote par an, 50 à 70 de phosphore, 150 à 200 de potassium, sans oublier le magnésium et les oligoéléments. Malheureusement, de nombreux gazons d’agrément ne reçoivent jamais de fertilisation dans l’année ou pas au bon moment. Il n’est alors pas étonnant de voir les mousses apparaître.

Un essai mené en 2007 a démontré qu’une bonne fertilisation avec engrais à libération lente à hauteur de 200 unités d’azote dans l’année pouvait diminuer par dix la présence de mousse dans les gazons (Figure n° 1). Enfin, notons qu’un sol acide est un facteur aggravant de la présence de mousse mais qu’il ne représente pas le facteur majeur de son développement.

Que faire lorsque le gazon est envahi par la mousse ?

  • La première étape, lorsque le gazon est envahi par la mousse, est de s’en débarrasser. Si elle occupe plus de 70 % de la surface du sol, il est préférable d’opter pour une réfection totale de la
    pelouse.
  • Si la mousse occupe moins de 70 % de la surface, on va d’abord provoquer son dépérissement par une application de sulfate de fer granulé. Celui-ci est présent au travers de différentes spécialités commerciales sur la liste des produits de biocontrôle, que les autorités françaises tiennent à jour de manière régulière. Rappelons que, pour respecter le cadre réglementaire français, les produits revendiquant une action contre les mousses doivent obligatoirement disposer d’une autorisation de mise sur le marché pour cet usage, avec un numéro d’homologation.
    Des précautions d’emploi sont à prendre en compte avec le sulfate de fer. Parmi celles-ci, il faut appliquer juste avant une pluie, sinon faire suivre impérativement d’un arrosage, et balayer les granulés qui ont pu tomber sur les dalles ou pierres pour éviter des taches de rouille.
  • Dès que la mousse est devenue noire, il faut passer un scarificateur. Il existe des modèles thermiques ou électriques. On peut aussi utiliser un râteau scarificateur qui convient pour les plus petites surfaces. L’avantage du scarificateur est qu’il va non seulement arracher la mousse morte, mais aussi préparer le futur lit de semences.
  • Puis, il faut passer le râteau pour évacuer la mousse et les déchets enlevés par le scarificateur.
  • Une fois cette opération effectuée, on va pouvoir procéder à un semis de regarnissage. Privilégiez des mélanges contenant du ray-grass anglais (ou des fétuques rouges pour les gazons non arrosés). Il existe aujourd’hui des mélanges dont les graines sont enrichies de microorganismes biostimulants qui accélèrent leur germination et leur installation.
  • Dès que le jeune gazon commence à lever, appliquez un engrais à libération lente contenant de l’isodur et/ou du crotodur. Un équilibre NPK de type 20-5-10+2+ oligoéléments(1*) sera l’équilibre parfaitement indiqué si l’opération est réalisée au printemps. Si celle-ci est réalisée en septembre ou octobre, préférez un équilibre de type 16-7-15+2+oligo-éléments(2*).

Éviter le retour de la mousse

La fertilisation est l’un des éléments clés pour éviter que la mousse ne revienne. Trois apports d’engrais dans l’année sont nécessaires. Le plus important, pour éviter le retour des mousses, est celui qu’on devrait faire en fin d’année (c’est malheureusement rarement le cas). C’est un moment crucial pour nourrir le gazon afin de conserver sa densité pendant l’hiver, lui permettre un meilleur redémarrage au printemps suivant et éviter ainsi qu’il ne dépérisse et ne laisse la place à la mousse. Effectuez cet apport durant la deuxième quinzaine de novembre. Le meilleur produit pour cette période est un engrais à libération lente avec un équilibre NPK de type 10-5-
203 qui s’applique à 40 g/m2.

Pour éviter un retour de la mousse, nous vous invitons à respecter les opérations suivantes :

  • Ne tondez pas trop ras ;
  • À chaque tonte, enlevez au maximum un tiers de la hauteur de la feuille ;
  • Tondez de manière régulière, une fois par semaine en période de forte croissance. Pour gérer au mieux la tonte du gazon, les robots de tonte constituent aujourd’hui une très bonne solution;
  • Si un vide apparaît dans le gazon, ou si votre gazon subit un stress important, comme une sécheresse pendant l’été, n’attendez pas que « ça se rebouche tout seul ». Il n’y a rien de tel pour voir un gazon se faire envahir par les mousses et les herbes indésirables ! Pratiquez une petite aération superficielle et rebouchez la zone dégarnie ;
  • Pensez aussi à élaguer les arbres qui le nécessitent, pour éviter les ombres portées trop importantes.

Vous l’aurez compris : la mousse s’installe dans les gazons quand ceux-ci sont creux et lui laissent la place pour s’installer. Ne considérons plus la mousse comme la cause que nous devons éliminer mais plutôt comme la conséquence de conditions qui ne favorisent pas le gazon. Alors oui! Éliminons cette mousse qui nuit à l’aspect esthétique de notre écrin de verdure, mais en parallèle cherchons à placer notre pelouse dans des conditions qui lui sont favorables : une bonne nutrition, de la lumière, une tonte régulière, un sol adapté !

 

Stéphane Grolleau
Chef de marché espaces verts Compo Expert

 

VOIR AUSSI

www.jardiner-autrement.fr/wp-content/uploads/2018/06/ biocontrole-la-lutte-contre-la-mousse.pdf

 

(1*)Type Super Floranid® Twin Gazon BS 20-5-10(+2) ou similaire.
(2*)Type Floranid® Twin Permanent 16-7-15(+2) ou similaire.
(3*)Type Floranid Twin club ou similaire.