Art floral : petit guide des décorations végétales pour Noël

Bruno Lamberti

À l’approche des fêtes de fin d’année, ces dernières semaines vont être propices à la réalisation de diverses décorations. Elles peuvent représenter un moment de plaisir et de création personnelle, mais aussi de partage entre parents et enfants, complices dans cette activité commune.

La fête de Noël est une bonne opportunité pour apporter de la joie à sa famille et à ses amis en composant soi-même quelques ornementations afin de décorer son intérieur. En gardant un esprit traditionnel, ces réalisations peuvent être, pourquoi pas, réinterprétées en utilisant des végétaux plus originaux. Ceux-ci peuvent rappeler l’environnement des vacances ou bien évoquer un engouement pour une plante particulière, ce qui oblige donc à réfléchir, bien en amont, aux éléments souhaités pour la composition, à les sélectionner pour leur qualité de séchage et à les traiter en conséquence pour leur conservation.

Voici une sélection de plantes appropriées. Ce choix est loin d’être exhaustif. À chacun d’être curieux et attentif aux découvertes heureuses, aux tests de manipulation, et aux plantes qui conserveront une durée suffisante de belle apparence. Ouvrez l’œil et l’esprit pour exciter votre créativité !

La couronne de porte

Une couronne de porte réalisée avec forme en paille. Du sapin des Vosges (Abies pectinata) a été utilisé - © B. Lamberti
Une couronne de porte réalisée avec forme en paille. Du sapin des Vosges (Abies pectinata) a été utilisé – © B. Lamberti

De tout temps, dans chaque civilisation, la représentation du cercle exerce un pouvoir mythique à l’image du soleil, de la lune ou encore de la Terre. Ce cercle symbolise l’amour, l’amitié, la protection et la vie. Accrochée à la porte de l’habitation, la couronne de Noël exprime ainsi la bienvenue et la grâce pour tous ceux qui en franchissent le seuil. Il existe plusieurs techniques de réalisation.

Cette couronne de porte dorée a été réalisée avec un guide en fil de fer, du génévrier de Pfitzer (Juniperus media pfitzeriana) et de la stipe géante (Stipa gigantea)
Cette couronne de porte dorée a été réalisée avec un guide en fil de fer, du génévrier de Pfitzer (Juniperus media pfitzeriana) et de la stipe géante (Stipa gigantea) © B. Lamberti
Pour réaliser une couronne de l’Avent colorée, vous pourrez utiliser de l’épicéa bleu (Picea pungens glauca), de l’Hortensia “Annabelle” (Hydrangea arborescens “Annabelle“), du kalanchoë et des fruits d’aubépine (Crataegus oxyacantha)
Pour réaliser une couronne de l’Avent colorée, vous pourrez utiliser de l’épicéa bleu (Picea pungens glauca), de l’Hortensia “Annabelle” (Hydrangea arborescens “Annabelle“), du kalanchoë et des fruits d’aubépine (Crataegus oxyacantha) © B. Lamberti
Des feuilles d’érable rouge (Acer rubrum “october glory“) ont offert leur texture et leur couleur, remarquables.
Des feuilles d’érable rouge (Acer rubrum “october glory“) ont offert leur texture et leur couleur, remarquables. © B. Lamberti

Lianes entremêlées

Des morceaux de lianes sont entremêlés en dessinant un cercle. Ils sont maintenus par des ligatures discrètes. L’exécution se termine avec quelques lianes plus sinueuses qui apportent relief et mouvement à l’ensemble.

Utilisation d’un guide

Il s’agit d’un gros fil de fer formé en cercle et habillé d’un ruban ou d’un plastique, dont la couleur se fondra avec celles des éléments choisis pour le garnir. Cette technique offre la possibilité d’attacher des rameaux plus courts que pour les lianes entremêlées, ainsi que des éléments lourds (gousses, pommes de résineux, noix…).

Utilisation d’une forme

Achetée dans le commerce, cette couronne en paille, poly­styrène ou grillage rigide sera habillée selon la technique de montage d’une guirlande sur les quatre cinquièmes de son volume, le dernier cinquième restant nu, puisqu’il sera plaqué contre la porte. Des rameaux courts (8-10 cm) de feuillages persistants sont utilisés pour la réalisation de la composition.

Des cônes d’épicéa (Picea excelsa), du feuillage de sapin de Nordmann (Abies nordmanniana) et du cyclamen : quoi de mieux pour réaliser un décor de table vraiment hivernal et festif ? - © B. Lamberti
Des cônes d’épicéa (Picea excelsa), du feuillage de sapin de Nordmann (Abies nordmanniana) et du cyclamen : quoi de mieux pour réaliser un décor de table vraiment hivernal et festif ? – © B. Lamberti

Pas de Noël sans houx

« En décembre, dans les forêts brumeuses, le houx seul s’est paré pour la renaissance du soleil à l’équinoxe le plus pâle. Ferme dans sa cotte plus verte et plus solide, qui tranche sur la foule triste des arbres en haillons, riche de ses pendeloques vermeilles, il attend, roi mage des grands bois, le lever de l’étoile de Noël. » C’est ainsi que Pierre Lieutaghi1 commence son chapitre sur les croyances se rapportant au houx. En effet, il est le seul arbuste à feuillage persistant qui conserve ses fruits en hiver. Pour cette raison, il est considéré dans toute l’Europe comme un arbuste bénéfique. Les mauvais esprits, les sorcières et les jeteurs de sort le redoutent. On le suspendait, la veille de Noël, dans les étables pour en éloigner les sortilèges et les maladies. De là, on a pris l’habitude de l’accrocher comme couronne porte-bonheur sur la porte des maisons pendant les fêtes de Noël. Les baies rouges des houx femelles nourrissent en hiver de nombreuses espèces d’oiseaux sauvages mais elles sont toxiques pour l’homme et il est recommandé de ne pas laisser des fruits si tentants à portée des mains enfantines.

Des rameaux de houx arqués naturellement (Ilex aquifolium) et des gousses de bignone (Campsis racidans) ont été utilisés pour réaliser cette couronne de porte basée sur un guide en fil de fer. Piquant non ? - © B. Lamberti
Des rameaux de houx arqués naturellement (Ilex aquifolium) et des gousses de bignone (Campsis racidans) ont été utilisés pour réaliser cette couronne de porte basée sur un guide en fil de fer. Piquant non ? – © B. Lamberti

Le houx (Ilex aquifolium) est une espèce commune des sous-bois, où il accompagne souvent le hêtre. En région méditerranéenne, il doit prendre de la hauteur (maximum 1 400 mètres d’altitude) pour trouver des conditions favorables. Cet arbuste, qui peut atteindre 4 à 6 mètres de hauteur et vivre plusieurs centaines d’années, est bien connu de tous à cause de ses feuilles aux épines acérées. C’est d’ailleurs à cette dernière caractéristique qu’il doit son nom, emprunté pour partie au chêne vert (Quercus ilex).

Ilex aquifolium est le seul représentant européen de la famille des Aquifoliacées, qui comprend un seul genre mais 400 espèces réparties dans le monde. En Amérique du Sud, c’est un houx, Ilex paraguaiensis, qui est utilisé pour préparer le maté. La feuille de houx contient en effet de l’ilicine, une substance proche de la quinine et qui en a les vertus fébrifuges et toniques.

Le bois de houx s’avère un bois solide et souple. Il était utilisé pour faire des manches d’outils, des « houssines2 » pour battre les tapis et de nombreux objets d’ébénisterie. Actuellement, le houx est surtout utilisé comme plante ornementale avec de nombreux cultivars aux fruits de couleurs variées et au feuillage panaché et/ou inerme.

Noëlle Dorion

Pour en savoir plus : http://biologie.ens-lyon.fr/ressources/Biodiversite/Documents/la-plante-du-mois/le-houx-une-plante-de-noel

1 Pierre Lieutaghi, Le livre des arbres, arbustes & arbrisseaux, page 803, Robert Morel Éditeur, 1969, 1 381 p

2 Nom dérivé de celui de l’arbuste.

Décoration des couronnes

Les couronnes de porte étant confectionnées sans mousse de piquage (qui constitue une réserve d’eau), on ne peut qu’utiliser des éléments séchés. Ces éléments – fleurs, feuilles et fructifications – auront été prélevés bien en amont et auront subi un séchage traditionnel. Les feuilles seront séchées à l’automne entre deux feuilles de papier journal, en évitant de les presser exagérément. Au contraire, un léger volume ondulé donnera un petit mouvement qui laissera paraître la feuille plus vivante. Plus tard, au moment de les travailler, elles seront enfermées dans un sac plastique après avoir été vaporisées. Cette légère humidité leur redonnera suffisamment de souplesse pour être manipulées.

La couronne de l’Avent

De tradition chrétienne, issue de l’Allemagne, cette couronne comporte quatre bougies, qui seront allumées progressivement au fur et à mesure des quatre dimanches précédant la fête de Noël. Ainsi la lumière s’amplifie à l’approche de la Nativité.

Afin de conserver leur fraîcheur, les éléments sont plantés dans un contenant spécifique garni de mousse mouillable. Leur bonne hydratation est vérifiée chaque jour. Le choix des fleurs se révèle plus varié que pour une couronne séchée. Il dépend des préférences de chacun et de l’ambiance décorative de son intérieur. Si vous utilisez des fleurons d’orchidées (Cymbidium, Phalaenopsis, Vanda), des roses de Noël (Helleborus niger) ou encore des petites fleurs de cyclamen, placez-les dans des minitubes. En effet, toutes ces fleurs nécessitent d’être dans l’eau pour durer et n’apprécient pas la mousse de piquage, même saturée.

Les boules de Noël

Pour la confection des boules de Noël, les formes de base utilisées sont des sphères de mousse florale spéciale pour fleurs séchées ou fleurs en tissu. Celles en polystyrène ne sont pas recommandées, car la chaleur les ramollit. En effet, l’utilisation d’un pistolet à colle chaude est indispensable, on peut le remplacer, éventuellement, par de la colle en tube. Le choix des végétaux se fera parmi ceux déjà cités. Pour une finition plus originale, les feuilles caduques peuvent être découpées en carrés plus ou moins réguliers et des coloris différents associés sur une même boule.