Alstroemères, une sélection toujours à la pointe
Jean-Pierre Turc
Les Alstroemères originaires d'Amérique du Sud ont été améliorées par les Ets Parigo en Angleterre et Les Ets Van Staaveren en Hollande dans les années 1960-1970. Le cultivar Walter Fleming est une des premières obtentions de ces innovateurs.
L'alstroemère a une souche rhizomateuse pouvant résister à des températures basses de l'ordre de -20°C mais, en plein air, il est recommandé de les protéger du froid par une couche de feuilles ou de paille pour laisser passer l'air. Un sol drainant convient à cette plante qui n'aime pas les excès d'humidité surtout l'hiver. Elle fleurit normalement de juin à novembre. Ses tiges abondamment feuillées assurent l’accumulation des réserves dans les rhizomes et la pérennité de la plante… Les alstroemères sont cultivées en France depuis 1975, pour la fleur coupée. Ces cultures ont démarré dans le sud de la France à Carqueiranne (83) chez des producteurs de fleurs coupées hollandais émigrés puis se sont étendues dans l'ouest de la France où le climat est assez propice à cette plante. Les Ets Pierre TURC (49) puis les Ets Jean-Philippe Garnier (44) et des producteurs bretons affiliés aux Coopératives SAVEOL et Kérisnel se sont intéressés à cette culture. En effet l'alstroemère préfère un climat tempéré. Des températures supérieures à 15°C dans le sol, empêchent l'induction florale des nouvelles pousses. Les conditions optimales sont obtenues au printemps et à l'automne. La nécessité d’une luminosité importante peut être un facteur limitant en faisant avorter les tiges florales.
Les sélectionneurs ont donc recherché dans un premier temps, des géniteurs moins sensibles à l’élévation de température du sol et au défaut de luminosité, alors que de leur côté, les producteurs de fleurs coupées installaient des systèmes de refroidissement du sol et de l'éclairage photosynthétique pour pallier à ces problèmes et obtenir des fleurs toute l'année. La recherche évoluant sans cesse, les sélectionneurs ont obtenus des clones à fleurs plus grandes et plus spectaculaires, portées par des tiges plus grosses, pouvant par ailleurs supporter des températures un peu plus élevées et ayant moins tendance à l'avortement l'hiver, période où la lumière est la plus limitante. Mais la culture des alstroemères a subi de plein fouet la concurrence des fleurs coupées délocalisées (production de roses au Kenya et en Ethiopie où la main d'œuvre est bon marché et les conditions de culture optimum). Le faible coût de production a fait chuter le prix de toutes les fleurs coupées et les horticulteurs se sont tournés vers d'autres cultures plus rémunératrices, notamment les plantes en pots qui peuvent être un débouché intéressant pour peu que les variétés adaptées existent. Les sélectionneurs se sont donc tournés vers des géniteurs nains en créant des variétés triploïdes (croisement entre des types diploïdes et tétraploïdes) issues de croisements entre les types pelegrina nains et les types aurea nains et d'autres types tel des hookeri, modesta etc…
Dans ce contexte, l’entreprise Pierre TURC a débuté la sélection en 1987 en collaboration avec un laboratoire de Culture in vitro (Microviv)…Actuellement, elle a déjà mis au commerce 50 variétés et se situe parmi les 10 premiers obtenteurs européens. Après les croisements, la variété sélectionnée est protégée et multipliée rapidement par Culture in vitro. La sélection et la diffusion d’une variété demande néanmoins 5 ans accéder au marché. « Choisir une nouvelle variété c'est : l'art de jeter les clones inintéressants » (dixit un chercheur de chez Van Zanten). La gamme de variétés mise au marché est déjà très importante mais la variabilité du type alstroemère est telle que tous les ans de nouvelles variétés apparaissent aussi bien pour les fleurs coupées que pour les plantes en pots. Pour le consommateur, des variétés de jardins ont aussi été créées, les plus grandes sont destinées à la réalisation de bouquets. D'autres obtentions de hauteur moyenne sont utilisables en massif et sur ce plan, le marché des collectivités en est encore à ses débuts (photos).
Sa richesse des couleurs, sa durée de floraison et sa robustesse en font une plante vivace incontournable dans l'embellissement des jardins et des intérieurs. Elle mérite d'être mieux connue et plus utilisée.
novembre-décembre 2012