Acheter, planter et entretenir ses rhododendrons

Incontournable pour qui souhaite un jardin fleuri et coloré, le rhododendron nécessite d’être bien planté pour bien vivre, et bien entretenu pour bien se porter. Conseils d’un spécialiste.

R. ponticum, l’un des plus anciennes espèces européennes de rhododendrons © J.-F. Petton

 

Il est important, lors de l’acquisition, de vérifier si la motte ne forme pas un chignon serré © J.-F. Petton

Engrais retard © J.-F. Petton

L’achat d’un rhododendron est un acte important car il peut conditionner le devenir de la plante après plantation. Il est essentiel, en effet, lors de l’acquisition de vérifier si la motte ne forme pas un chignon serré. Dans ce cas, il faut s’armer d’une fourchette pour l’aérer, voire la passer au jet afin de libérer quelques racines avant la plantation. Vous pouvez retrouver, dans la motte, de petits grains jaunes ou bleus. Il s’agit d’engrais retard qui a servi à nourrir la plante au cours de son élevage. Mais quand cet engrais est complètement épuisé (le plus souvent entre neuf et douze mois) la plante risque d’être en carence et il faudra prévoir de la nourrir.

Passer par la case achat n’est pas une obligation car il est possible de bouturer (mais ce n’est pas facile), marcotter ou semer. Le semis est aisé et permet d’obtenir de nombreux plants, mais c’est exceptionnellement qu’ils seront fidèles au pied mère.

Se renseigner sur la taille adulte prend aussi tout son intérêt car les dimensions des nouveaux jardins tendent à diminuer. Il est donc préférable de s’adresser à des pépinières spécialisées qui connaissent une bonne partie des rhododendrons hybrides (plus de 40 000) ou des espèces (environ 1 000). Parmi eux vous pourrez aussi choisir, pour l’intérieur, les rhododendrons de la section Schistanthe (autrefois section Vireya) qui sont d’origine subtropicale (Asie de l’Est et Malaisie) mais malheureusement difficiles à trouver.

 

La plupart des professionnels continuent à faire le distingo entre azalées et rhododendrons mais, aujourd’hui, tout est regroupé sous le nom de genre Rhododendron. Azalée et rhododendron étaient autrefois distingués sur la base du nombre d’étamines : cinq pour les azalées, bien plus pour les rhododendrons mais… ce n’était pas toujours vrai ! Du point de vue horticole, on continue d’appeler azalées les rhododendrons vendus en potées fleuries (comme R. simsii, ou R. indicum) et les rhododendrons de jardin à feuilles caduques (comme R. mollis) (cf. encadré page suivante).

 

La plantation du rhododendron ne pose pas de problème particulier mais il faut se rappeler qu’il s’agit d’une plante de la famille des Éricacées. Elle pousse naturellement dans les sols acides. Le pH devra se situer entre 4 et 6 en moyenne. En cas de doute, vous pouvez confier à un magasin vert ou à un autre prestataire un échantillon de votre sol à des fins d’analyse. Il faut donc éviter les terrains calcaires, voire analyser l’eau d’arrosage. Le substrat de plantation idéal est de l’humus forestier. La tourbe pure est, elle aussi, acide mais s’avère trop pauvre en éléments nutritifs. Une terre de bruyère forestière se montrera mieux adaptée (présence de matière organique).

Le rhododendron ne présente pas de grosses racines et la motte est constituée d’un fin chevelu qui ne descend pas très profond. Le trou de plantation devra présenter un diamètre double de celui de la motte. Il est parfois intéressant de planter en butte lorsque le terrain est très humide comme le montre le cliché ci-dessous, pris en Irlande.

À la plantation, il faut aussi veiller à émietter la terre pour qu’elle soit la moins lourde possible et vérifier la perméabilité du trou de plantation.

Entretenir son rhododendron consiste à le nourrir, essentiellement avec du terreau humifère et non pas un engrais potager susceptible d’apporter du calcaire. Dans les conditions normales, la reprise végétive s’effectue sous les fleurs mais la taille du rhododendron est souvent possible pour R. penthantera, lapponica et pour beaucoup de rhododendrons élépidotes (1*) (surtout ceux qui possèdent des gènes R. ponticum), triflora ou maddenia. En effet, il existe des bourgeons dormants qui entrent en croissance après la taille. Chez les pépiniéristes, on peut très souvent observer un pincement des rameaux terminaux permettant de densifier le plant en favorisant le départ de plusieurs rameaux latéraux. Il s’avère malaisé de préciser une date pour la taille, les rhododendrons entrant en végétation active de façon très variable. La taille peut être effectuée après la floraison et quand la sève est montante. Il ne faut pas oublier la désinfection des outils de coupe, non pas à l’alcool mais à la chaleur ou à la Bétadine, cette molécule étant fongicide. Le recépage est tout à fait possible, mais il implique une perte du volume foliaire peu favorable au plant. Globalement on peut donc rajeunir un rhododendron en prenant la précaution de garder des tire-sève.

La plus terrible des maladies du rhododendron est le Phytophthora. Il s’agit d’un champignon qui s’attaque aux racines et entraîne un dessèchement généralisé. Le seul traitement est l’arrachage. La plante sera ensuite brûlée. Une autre attaque fongique est due au mildiou mais elle n’est pas mortelle et se manifeste par de multiples taches brunes inesthétiques. La rouille constitue également une attaque fongique responsable de plaques orangées au revers de la feuille, sans conséquence grave.

Les insectes sont de plus en plus souvent en cause dans les dommages causés aux rhododendrons. C’est ainsi que le parc botanique de Brême (Allemagne), le deuxième plus important dédié à cette plante, a dû arracher tous les Pieris, par qui le mal est arrivé, pour traiter par hélicoptère le tigre, un insecte suceur qui met à mal les plants. Le parc a été fermé trois jours ! Dans nos jardins, les principaux ravageurs des rhododendrons sont les otiorhynques, qui découpent le bord des feuilles, les thrips, responsables de lésions sur les feuilles qui se décolorent car ce sont aussi des insectes suceurs. Enfin, les cicadelles sont accusées de favoriser le champignon « bud blast » en pondant leurs œufs entre les écailles des boutons, mais tout le monde n’est pas d’accord.

Ces différents problèmes, rarement mortels, ne doivent toutefois pas faire oublier que le genre Rhododendron est l’un des plus importants dans le monde végétal et que nous lui devons la plus grande attention.

Symptômes de Phytophthora sur R. Idealist © J.-F. Petton

Jean-François Petton
Société bretonne du rhododendron

ORIGINE ET ÉVOLUTION DES RHODODENDRONS HORTICOLES

C’est sans doute le R. degronianum ssp yakushimanum qui a été à l’origine de beaucoup d’hybrides pour sa robustesse, son port et l’indument très souvent présent à la face inférieure de la feuille. Les plus anciens ont, bien sûr, du R. ponticum, du R. catawbiense ou du R. arboreum dans leurs gènes car ils furent parmi les premiers introduits. Plus tard, R. fortunei a été utilisé pour son parfum et R. wardii pour obtenir des fleurs jaunes. Le rouge est souvent donné par R. barbatum ou R. griersonianum tandis que les violets peuvent présenter, dans leur ascendance, R. niveum ou R. campanulatum.
Les blancs s’obtiennent à partir de R. decorum ou R. griffithianum et, enfin, les bleus à partir de R. augustiinii (plus particulièrement toute une série de rhodos nains, intéressants à placer dans un petit jardin). Cette liste n’est pas limitative. Dans les jardineries on trouve des hybrides de 2e, 3e voire 4e génération et maintenant des polyploïdes, ce qui assure une plus grande résistance et une floraison plus longue.

(1*) Il s’agit de rhododendrons ne possédant pas d’écailles, contrairement aux lépidotes.