Les végétaux sauvages reliques des grandes glaciations et leurs zones de refuges

Valéry Malécot

Depuis le 19e siècle, les botanistes et les biogéographes ont noté l’existence d’espèces animales et végétales communes entre des montagnes européennes (Alpes, Pyrénées, Massif-Central, mais aussi les Balkans) et la zone arctique. Cette similitude floristique, combinée à la mise en évidence d’une série de glaciations pendant le Quaternaire, a conduit à envisager une série de phases de contraction et d’expansion des aires de répartition de ces espèces.

 

Des populations de Carex atrofusca auraient survécu de manière indépendante autour des Alpes et en Scandinavie - © D.R.

Des populations de Carex atrofusca auraient survécu de manière indépendante autour des Alpes et en Scandinavie - © D.R.

 

Lors des maxima glaciaires leur aire de répartition aurait été plus grande et plus petite lors des périodes interglaciaires. Cette variation de l’aire de répartition est, en fait, schématique car elle n’est pertinente que si l’on est sur un système où la topographie est homogène, c’est à dire où les pentes des montagnes sont constantes et où aucune mer ou océan ne bloque la migration des espèces vers des zones plus chaudes.

 

La barrière de la mer

Pour les espèces de climat tempéré comme les chênes, les tilleuls, mais aussi les sapins, les pins et les épicéas, la mer Méditerranée a constitué une barrière très contraignante et l’on considère que la péninsule ibérique, l’Italie, les Balkans, mais aussi les Carpates, ont constitué des refuges pendant les phases de glaciation, refuges à partir desquels ces espèces ont recolonisé l’essentiel du continent européen au cours des 10 à 20 000 dernières années (c'est-à-dire depuis le dernier maximum glaciaire du Würm). Des données paléopalinologiques montrent que les espèces de toundra, telles que les bouleaux nains, les armoises ou Dryas octopetala, auraient eu une aire de répartition très vaste pendant les maxima glaciaires, aire qui, en Europe de l’Ouest, se serait réduite à quelques secteurs montagneux actuellement (par exemple dans le massif central ou le Jura).

 

> lire la suite