Les Victoires du Paysages

Récompenser le savoir-faire des professionnels

 

 Le concours des Victoires du Paysage, organisé par l’interprofession,
récompense un travail collectif pour lequel paysagistes concepteurs, entrepreneurs du paysage et pépiniéristes se sont associés pour mener à bien le projet d’un maître d’ouvrage.

 

Organisées depuis 2008 sur une initiative de Val’hor, l’interprofession française de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage, les Victoires du Paysage récompensent tous les deux ans les plus beaux aménagements paysagers de France, mettant à l’honneur toute la filière du paysage. Le concours se distingue par un principe fondamental qui en fait sa spécificité : il prime des maîtres d’ouvrage (collectivités, entreprises et particuliers) qui font appel à des professionnels pour des créations originales : un paysagiste (ou plusieurs) pour la conception, une entreprise du paysage (ou plusieurs) pour la réalisation, un ou plusieurs pépiniéristes pour la fourniture des végétaux. Ces espaces doivent avoir été aménagés depuis moins de cinq ans.

Un belvédère sur la Maine à Angers

Un concours prestigieux

Le jury, composé d’une cinquantaine de professionnels, journalistes horticoles et représentants des différents métiers de la filière, visite pendant l’été les sites préalablement sélectionnés sur dossier. Pour la sixième édition, qui s’est déroulée en 2018, 107 dossiers avaient été déposés. Soixante-neuf sites ont été présélectionnés pour les visites, et 36 lauréats ont été distingués, dans les différentes catégories du concours. Ils ont reçu leur prix au cours d’une cérémonie officielle qui s’est déroulée le 6 décembre, salle Wagram à Paris, en présence d’Erik Orsenna, parrain du concours, de Michel Audouy, son président, de Mikaël Mercier, président de Val’hor, et de plus de 500 invités.

Au palmarès, 23 collectivités ou bailleurs sociaux, sept entreprises et six particuliers. Des médailles d’or, d’argent et de bronze ont ainsi été remises dans dix catégories : elles ont distingué, pour les collectivités, les espaces publics urbains, les jardins ou parcs urbains, les aménagements de quartier, les espaces à dominante naturelle et les infrastructures. Trois bailleurs sociaux ont été récompensés pour leur nouvel environ­nement. Pour les entreprises, le prix distingue d’une part les commerces et entreprises, d’autre part les logements et l’immobilier. Les particuliers répondent à deux catégories, les terrasses ou jardins de moins de 500 m² et les jardins de plus de 500 m². La catégorie patrimoine met en lumière des sites historiques. Enfin, ont été remis cette année un prix spécial « Cœur de ville » et un prix spécial « Jardin et thérapie ».

Le Grand Prix du jury

Récompense suprême, le Grand Prix du jury. Après Nice en 2014, pour la promenade du Paillon, et Nîmes en 2016, pour ses nouveaux aménagements, ce sont la Métropole de Rouen Normandie et la ville de Rouen qui ont reçu le Grand Prix 2018, pour la grande promenade fluviale des quais rive gauche. Cette réalisation a également reçu le Prix du Public. Le grand public est effectivement invité, depuis 2010, à élire son coup de cœur sur le site Internet du concours, parmi les finalistes présentés avec texte et photos.

Voici, parmi ce palmarès, qui est à découvrir dans sa totalité sur le site du concours (www.lesvictoiresdupaysage.com), trois de ces réalisations qui témoignent de l’importance du végétal dans nos villes et dans nos vies. « Si le végétal est un bienfait commun, estime Erik Orsenna, les Victoires du Paysage sont un trésor. »

Des quais de Seine transformés à Rouen
Grand Prix du jury et Prix du Public 2018

Présentée par les deux maîtres d’ouvrage, la métropole de Rouen Normandie et la ville de Rouen (76), cette réalisation, qui a été terminée en juin 2013, est le fruit du travail de nombreux professionnels de la filière : les paysagistes concepteurs Atelier Jacqueline Osty & associés et In Situ, les entrepreneurs du paysage Id Verde Agence Val-de-Reuil et Vallois Agence de l’Estuaire, ainsi que quatre pépinières (Daniel Soupe, la Roselière, Bruns et Van den Berk).

Il y a quelques années, ces espaces en bord de Seine étaient fermés, abandonnés et délaissés. Aujourd’hui, à l’interface entre la Seine, le centre-ville et le port, c’est un nouveau grand paysage qui s’offre aux habitants de la ville de Rouen, composé du fleuve, du port, des bassins et des coteaux avoisinants. « Ce projet harmonieux, ambitieux et cohérent, a apprécié le jury, a été rendu possible grâce à un dialogue permanent entre les équipes visant à développer une écriture commune. » L’aménagement réalisé offre une transition douce allant d’un espace minéral dans la partie est des quais à un espace de plus en plus naturel vers la pointe, se terminant par le grand parc de la presqu’île Rollet. Les habitants ont ainsi l’impression de quitter le centre-ville pour un paysage beaucoup plus naturel, tout en restant en plein cœur de la métropole.

En faisant redécouvrir ces espaces, en recréant du lien avec la Seine et en reconnectant les deux rives du fleuve, la ville s’est transformée de manière radicale. Cet aménagement offre maintenant, dans un cadre paysager et fluvial valorisé, de nouveaux usages de loisir, de détente et de sport aux habitants, qui ont très vite investi les lieux.

Un belvédère sur la Maine à Angers
Prix spécial « Cœur de ville »

Terminé en juin 2016, ce projet commandé par la ville d’Angers (49) a permis de mettre en valeur la promenade du Bout-du-Monde, lieu emblématique desservant la cité historique et offrant aux promeneurs un belvédère sur la Maine. C’est un lieu maintenant très fréquenté, alors qu’il était auparavant peu valorisé et encombré de voitures. « Cet aménagement est exemplaire dans la manière de gérer le cœur ancien d’une ville, a constaté le jury, en réutilisant l’existant et dans le choix de végétaux locaux. » La libération des vues et de l’espace public, la piétonisation du lieu et la transformation du bâti existant en un restaurant ont permis de mettre en scène harmonieusement patrimoine et paysage. Un aménagement exemplaire, signé Phytolab pour la conception, Pierre Halopé Paysagiste pour la réalisation, Kastell, Plantagenêt, Plandanjou et la pépinière Lepage pour la fourniture des végétaux.

Un jardin pour aider les autistes
Prix spécial « Jardin et thérapie »

Premier jardin de soin en France consacré à l’autisme, le jardin expérimental de l’institut médico-éducatif (IME) de Soubiran en région parisienne, à Villepinte (93), commandé par l’association Vivre et Devenir, peut accueillir 45 enfants, adolescents et jeunes adultes porteurs de troubles autistiques. « C’est un lieu de vie, de découverte, d’expression, de repos, voire de refuge, mais aussi un espace d’expérimentation, d’apprentissage, de mise en situation à travers un support éducatif et thérapeutique diversifié. » Sur le thème d’Alice au pays des merveilles, le jardin est composé de quatre zones alternant repos et stimulation. Un tunnel de roses offre une immersion sensorielle dans une relative obscurité, débouchant sur un jardin des brumes, autre jardin de senteurs. Mandaté par Archi Eco, architecte des bâtiments de l’IME de Soubiran, ce projet a été conçu par Ménard Paysage & Urbanisme et réalisé par Pinson Paysage. Les pépinières Soupe, Loiseau et Nieuwesteeg en ont fourni les végétaux.

Marie-Hélène Loaëc

Ingénieur horticole, membre du conseil d’administration de la SNHF