Edito « Plantes parasites, pirates de la nature »

Marc-André Sélosse

Parmi la diversité des adaptations végétales, certaines permettent à des plantes de vivre de rapines et du malheur des autres. Les plantes parasites sont apparues à de multiples reprises dans l’évolution : comment atteignent-elles et détournent-elles les ressources, pourtant celées au cœur des vaisseaux conducteurs de leurs hôtes ? Comment parviennent-elles à passer d’une plante hôte à l’autre, lors de leur reproduction ?

Le grand public pense souvent au lierre comme exemple de parasite : dans la compétition pour la lumière, les plantes investissent une grande partie de leurs ressources dans une tige qui les hisse au-dessus des autres. Les plantes dites grimpantes rejoignent la lumière en hauteur en s’appuyant sur les autres : c’est le cas du lierre. Mais, s’il parasite les tiges de ses hôtes et s’il accroît le poids des branches, et donc la probabilité de leur rupture, il reste peu nuisible à son support. En particulier, il ne s’en nourrit pas. Or, c’est des plantes nourries par leur hôte, communes, mais souvent méconnues car très discrètes, dont nous allons découvrir les stratégies. Des stratégies qui remanient terriblement l’allure de la plante, parfois même débarrassée de la nécessité d’effectuer la photosynthèse. On découvrira même des plantes parasites de… champignons !

Mais ce qui réjouit l’observateur de la biodiversité peut être l’ennemi du jardinier ou de l’agriculteur : les pages qui suivent sont aussi une mauvaise nouvelle pour la production végétale. Et la connaissance de ces plantes parasites va évidemment au-devant de la prévention de leurs méfaits dans les agrosystèmes.