Édito : Suppression des pesticides : le grand virage

Emmanuel Bajard

des vivaces et des bulbes, Hôtel de ville
Fleurissement de juin incluant des vivaces et des bulbes, Hôtel de ville – © Ville de Versailles

 

Plan Ecophyto, Loi Labbé… la suppression quasi-totale de l’usage des pesticides de synthèse est désormais imminente dans les espaces publics et les jardins amateurs (2017 pour les collectivités ; 2019 pour les particuliers). Leur emploi s’est pourtant imposé dans notre vie quotidienne depuis l’Antiquité. Introduits pour détruire des organismes déclarés nuisibles à notre mode de vie, ils sont apparus à leur tour comme une menace pour notre santé et la pérennité des écosystèmes. Si la polémique fait sens en agriculture pour des questions de productivité et de normes de commercialisation, la question se pose différemment en horticulture et dans les jardins amateurs.

Quelles solutions alors dans cet avenir proche pour maintenir en état jardins d’agrément, productions potagères et fruitières ? Ce numéro de Jardin de France propose de vous présenter les solutions alternatives expérimentées par des amateurs passionnés, des scientifiques et des gestionnaires d’espaces publics ayant anticipé l’évolution législative.

Réjouissons-nous !

L’une des conséquences essentielles et indéniablement vertueuse de l’arrêt des pesticides de synthèse est une invitation à de nouveau observer nos jardins pour une meilleure compréhension du vivant… Les stratégies de protection induisent en effet le plus souvent une pluralité d’actions : qualité des sols, pratiques culturales, diversification des cultures, épidémiosurveillance, maintien ou introduction d’auxiliaires, utilisation de variétés résistantes… qui nous obligent à redonner du (bon) sens à nos pratiques.

Sachons aussi nous interroger…

L’usage de produits de substitution tels que les agents de bio-contrôle nécessite également une maîtrise technique certaine. Ne cédons pas à nouveau au « prêt à l’emploi » par facilité ou posture : pesticides naturels, principes actifs viraux, auxiliaires parasites… ne signifient pas absence de toxicité et de risque d’atteinte aux écosystèmes ! Ces produits sont soumis à une législation d’autorisation de mise sur le marché à l’instar des pesticides de synthèse. Ils font et feront tout également l’objet de stratégies industrielles et commerciales féroces ! De même, les Préparations Naturelles Peu Préoccupantes (décoctions de prêle, fougère, argile, vinaigre blanc, huile de Neem…) dépendent en France d’une règlementation simplifiée mais suffisamment contraignante pour les soumettre de plus en plus en pratique aux circuits de commercialisation référencés au détriment d’un usage populaire.

> Télécharger le PDF

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

4 thoughts on “Édito : Suppression des pesticides : le grand virage”

  1. ( J’ai participé au premier concours « Jardiner autrement » en 2011. )

    Personnellement, je suis enchanté de cette décision qui s’est faite attendre.
    Je jardine sans produit chimique ( si ce n’est la bouillie bordelaise en cas de grande nécessité, d’urgence ), sans pesticide d’aucune sorte depuis 46 ans. je peux donc témoigner auprès de ceux qui désespèrent peut-être de la disparition des « produits de traitement » tellement on leur a inculqué que s’ils ne traitent pas ils n’auront rien et leur dire : « Vous allez enfin récolter des légumes naturels, pleins de vitamines, qui ont du goût, qu’il vous suffira de laver avant de les consommer et vous ne risquerez plus de vous intoxiquer ni d’intoxiquer votre famille ou vos amis.
    De plus vous allez faire des économies. N’écoutez pas les lobbies de la chimie, les marchands de poisons dont le seul souci est de faire le maximum de profit.  »
    C’est tout à fait possible puisque nos ancêtres et même la génération qui nous a précédés ont toujours jardiné sans le moindre additif, pourtant ils ont récolté et consommé de beaux légumes.
    Depuis ma plus tendre enfance je n’ai mangé que des fruits et légumes naturels, j’ai peut-être eu de la chance mais j’ai maintenant 79 ans, je me porte très bien, je ne suis pas le seul heureusement !

    PS – Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet mais la place manque ici.

    1. Bonjour , moi aussi j’ai laissé tomber les produits chimiques depuis plusieurs années et il y a fallu du temps pour voir des nouveaux insectes utiles (auxiliaires) faire leur travail et j’ai introduit des larves de chrysopes . Dans mon jardin il y a eu le retour coccinelles, d’oiseaux , papillons ,abeilles et autres….
      Bien sûr le travail ne manque pas mais c’est agréable !!!!

  2. Ou peut on savoir ce qui peut aujourd’hui se conseiller au sujet des jardiniers amateurs en ce qui concerne les extraits de végétaux et les huiles essentielles. On lit dans la revue les 4 saisons du jardin bio l’efficacité de ces méthodes sans savoir si l’on peut les conseiller au Grand Public. Pouvez vous m’éclairer à ce sujet.
    Merci pour votre réponse. Cordialement, Michel COUFFIN

  3. Bonjour
    dans la nouvelle classification des JEVI, ou doit-on classer les parcs cimetières? Dans les espaces verts ouverts au public ou dans la catégorie cimetière?
    Merci de votre éclairage
    Cordialement
    Jean Christophe CLERBOIS

Les commentaires sont fermés.