Une visite chez Jean-Baptiste de Vilmorin

Daniel Lejeune

On demande souvent comment il faut appeler les membres de cette honorable famille : Vilmorin ? de Vilmorin ? Lévêque de Vilmorin ?
En voici un spécimen, un « type », comme disent les naturalistes, qu’il faut simplement appeler « J.- B. »

Jean-Baptiste de Vilmorin en 2015 © D. Lejeune
Jean-Baptiste de Vilmorin en 2015 © D. Lejeune

Jean-Baptiste est fils du grand botaniste et sélectionneur Roger de Vilmorin qui termina brillamment sa carrière d’amoureux des plantes à la faculté d’Orsay où il rédigea, avec Marcel Ginochet, la dernière Flore de France à partir de 1973.
Jean-Baptiste, né en 1930 déjà, est un admirateur de son père dont il conserve le souvenir et un portrait dans son refuge provençal du Jas de Péguier.
Je l’ai rencontré en 1990, alors qu’il œuvrait au ministère de l’Environnement pour ce qu’on n’appelait pas encore le Développement durable. Fidèle aux qualités des Vilmorin, son esprit était comme une corne d’abondance dont jaillissaient de nombreuses et fertiles idées : les quelque 80 Centres permanents d’initiation à l’environnement (CPIE) fonctionnant toujours sur le territoire national ; la Fondation pour l’éducation à l’environnement en Europe (FEEE), créée en 1985 avec son label « Pavillon bleu » de qualité des eaux, auquel adhèrent dans le monde 48 pays côtiers… Ce sont ses enfants… C’est, en la matière, un père innombrable.
Indépendant de son nom, de sa famille, pourtant fameuse, ainsi que de l’ordre établi, il fleureta souvent avec les limites des règles administratives, politiques ou sociales pour concrétiser les généreuses idées qu’il sut partager avec ses amis.
D’abord administrateur associatif d’un intéressant patrimoine arboré, membre actif de la FEEE, et de bien d’autres choses. Thomas Joly, maire actuel de Verrières-le-Buisson fut l’un de ses disciples.

Comme tout bon Vilmorin

Retiré en Provence, non loin des Mées ou cheminées de Fées qui regardent la Durance, Jean-Baptiste vit là avec sa fille. Ils ont créé un pittoresque gîte rural et, comme tout bon Vilmorin, il a planté avec opiniâtreté dans cette terre ingrate et sèche un arboretum dont les arbres sont souvent des enfants du parc de Verrière, réalisé il y a bientôt deux siècles par son aïeul Philippe-André et sa descendance.
J.-B a été content de voir qu’en cette année de célébrations, le lien a été renoué avec la SNHF dont son oncle André fut un moment vice-président. Il a été satisfait de découvrir la dernière édition des Cahiers de Jardins de France. Il a été ému d’avoir en main quelques fascicules de la Revue Horticole où son père décrivait encore les belles sélections de l’entreprise familiale.

Et grâce à Jean-Pierre d’Estienne d’Orves qui m’a gentiment guidé jusqu’à son cousin, j’ai été spécialement heureux de revoir un vieux complice auquel la Ville de Bourges doit une aide décisive dans une réalisation magnifique de désintéressement : le jardin Édouard André, dédié aux handicapés moteurs.
Merci, cher J.-B pour ces trop brèves mais intenses retrouvailles, après tant d’années. »

Lisez ou relisez « Le jardin des Hommes » et surtout « Le Botaniste en herbe ». C’est le cœur de Jean-Baptiste de Vilmorin qui parle dans ces pages…