Une filière qui ne manque pas de ressources

Michel-Paul Morel

Le bois est considéré comme le produit essentiel de la forêt. Or, elle en fournit beaucoup d’autres : graines, champignons, liège, plantes, gibier… Même si celà ne correspond plus à un besoin vital, nous continuons aujourd’hui de récolter et de chasser, mêlant ainsi l’utilitaire aux loisirs…

La forêt présente de nombreuses ressources © Sergei Karapanov

Ressource renouvelable, le bois fait partie des matières premières les plus écologiques. La récolte annuelle moyenne de bois en France est estimée à 62 millions de mètres cubes. Environ 55 millions proviennent directement des forêts et le reste de bosquets, haies, vergers, vignes, arbres urbains ou alignements de bord de route. Près de 60 % de ces récoltes sont eff ectuées par des professionnels et les exploitants forestiers qui achètent les coupes aux propriétaires, assurent l’abattage, le débardage [1], le tri du bois par qualité et le livrent aux industries de la transformation. La récolte de bois varie avec la conjoncture économique et les aléas climatiques. Après la tempête Klaus du 24 janvier 2009, les gestionnaires forestiers ont donné priorité à la récolte des chablis (arbres renversés, déracinés ou cassés sous l'eff et de phénomènes climatiques). En 2009, seuls 38 millions de mètres cubes ont été commercialisés, dont 34 % de chablis.
 

Le bois, une ressource forrestière - © J. P HussonUn matériau aux usages multiples…

Les meilleures qualités sont utilisées comme bois d’oeuvre : environ 21 millions de mètres cubes approvisionnent les industries du sciage, du tranchage et du déroulage. Les placages permettent de recouvrir les faces apparentes des meubles et des emballages. Les sciages de différentes dimensions sont surtout destinés à la construction (charpente, menuiserie, maisons en ossature bois), à l’ameublement, à la fabrication d’emballages, caisses et palettes. Les qualités moins précieuses, environ 12 millions de mètres cubes, sont utilisées pour la trituration, c’est-àdire la fabrication de pâte à papier, de panneaux de fibres et de panneaux de particules. Les autres bois d’industrie servent à faire des poteaux, des piquets, des barrières… Plus de 175 000 personnes ont été employées en 2010 dans la filière bois (sylviculture et exploitation forestière, travail du bois et industries du papier et du carton).
Quant aux résidus des industries du bois, connus sous le nom de « produits connexes », ils sont pour l’essentiel recyclés ou valorisés. Il reste peu de « vrais » déchets (4 % pour les scieries). Broyées, les chutes de scierie sont valorisées en matière première des industries de la pâte à papier et des panneaux ou comme sources d’énergie. Compressées, lessciures deviennent des granulés ou des briquettes. Les écorces peuvent être brûlées mais elles servent également en horticulture pour le paillage des massifs ainsi qu’à la fabrication de terreau. Les bois raméaux fragmentés (BRF) sont obtenus par broyage de rameaux de bois frais. Epandus sur un sol cultivé, ils favorisent le développement d’humus et limitent ainsi le recours aux fertilisants. Les minéraux de l’arbre se concentrent dans la partie terminale des branches et les bourgeons. Les branches d’élagage des arbres urbains sont souvent recyclées en BRF. En forêt, les rémanents [2] doivent être laissés sur place pour permettre, après décomposition, le retour des minéraux au sol.
 


… et source d’énergie renouvelable

Hors des circuits commerciaux, les propriétaires et autres personnes autorisées récoltent environ 40 % du bois. Il s’agit principalement de bois énergie, qui était traditionnellement destiné au chauff age en milieu rural. Le développement des énergies renouvelables (directive européenne 2009/28, le Grenelle de l’Environne ment) provoque de profondes mutations dans ce secteur. De nouveaux produits (plaquettes, granulés, briquettes) connaissent une expansion rapide à côté des traditionnelles bûches. Les chaudières individuelles à haut rendement sont de plus en plus performantes. Dans les villages et les villes, les chauff eries collectives alimentant des réseaux de chaleur se multiplient. Dans les usines, les chaufferies industrielles, souvent en cogénération (chaleur et électricité) se développent. En 2010, la quantité d’énergie produite à partir de bois a représenté 7 % de la production nationale d’énergie.
 

Cerf © Philippe MoesLes graines, le gibier et autres richesses de la forêt

La récolte de graines forestières est soumise à une réglementation communautaire rigoureuse qui vise à garantir la qualité génétique des matériels forestiers de reproduction. Elle est très variable selon la fructification des arbres et dépendante des conditions climatiques. La campagne 2008-2009 a été particulièrement faible : 5 millions de glands, 20 milliards de graines de pin maritime, mais pas de faines (graines du hêtre). La production de plants forestiers par les pépinières françaises se réduit elle aussi. En 2009- 2010, elle n’atteint que 45 millions de plants dont 35 millions de résineux et 10 millions de feuillus, auxquels il faut ajouter 700 000 plançons [3] de peupliers cultivés. Cette campagne constitue le plus bas niveau historique dans la plantation forestière en France depuis les années 60.
Nous aimons tous rencontrer des animaux en forêt. Cependant, lorsqu’ils sont trop nombreux, les cervidés broutent ou écorcent les jeunes arbres et peuvent nuire au renouvellement de la forêt. La chasse, encadrée par le plan de chasse, est nécessaire pour aboutir à une harmonie sylvo-cynégétique, un juste équilibre entre la forêt et le gibier. La population d’animaux s’accroît de façon significative : la quantité de venaison (cerf, chevreuil, sanglier) augmente depuis une dizaine d’annéeset atteint actuellement 25 000 tonnes par an. Le sanglier représente les deux tiers du total et progresse plus vite que les cervidés.
 

Des produits en bois certifiés

Dans les magasins de bricolage, chez les marchands de meubles, dans le courrier que nous recevons, des produits à base de bois portent un logo attestant qu’ils sont issus de forêts gérées durablement. Les propriétaires adhérents à un système de certification forestière [4] s’engagent à gérer leurs forêts selon un référentiel technique respectant les principes de la gestion durable. Un organisme certifi cateur intervient tout au long de la chaîne de production et de commercialisation pour contrôler le respect des principes auxquels les acteurs de la fi lière bois adhèrent. Fin 2009, les surfaces certifiées en France atteignaient 5,1 millions d’hectares, soit 33 % des forêts disponibles pour la production de bois. En 2009 étaient certifi és 23 millions de mètres cubes, soit 60 % de la récolte commercialisée.

 


[1] Transport de l’arbre depuis le lieu d’abattage jusqu’à la route la plus proche où il sera chargé sur camion.

[2] Branches et bois mal conforme  laissés en forêt après exploitation forestière.

[3] Contrairement aux autres essences dont les plants sont racinés, les peupliers sont plantés à l’état de boutures ou plançons.

[4] La certification forestière a pour objectif de garantir au consommateur que le bois qu'il achète est issu de forêts gérées durablement