Jardins du château Saint-Bernard : coup de cœur de l’année

Jean-François Coffin

Des jonquilles qui éclosent par milliers : telle est l’image devenue symbole du jardin du château Saint-Bernard. Au-delà de cette photo, c’est toute une histoire qui entoure ce jardin d’un château du XIIIe siècle dont la renaissance tient à son propriétaire, Gille Briens, avec la complicité des habitants de ce village de l’Ain. Les journalistes de l’horticulture y ont été sensibles et l’ont élu « Jardin de l’année ».

 

Le château sur sa mer de jonquilles au printemps © Château St Bernard
Le château sur sa mer de jonquilles au printemps © Château St Bernard

 

La réputation du château Saint-Bernard peut être due en partie à ses illustres habitants comme la peintre Suzanne Valadon dont le fils, Maurice Utrillo, ne manqua pas de peindre le site. Mais il est devenu célèbre aujourd’hui grâce à Gille Briens, pris de pitié pour cette ancienne forteresse qui tombait en ruines et dont il fit l’acquisition en 1996. Avocat d’affaires, il eut un coup de cœur pour ce site qu’il fréquenta, lorsqu’il était enfant. Il n’imaginait pas, alors, qu’il en deviendrait un jour propriétaire ! Il entreprit d’importantes restaurations qui sauvèrent cette bâtisse aujourd’hui classée monument historique. Les jardins revêtent autant d’importance dans l’attraction de ce site. Sur une surface de 2 ha, plusieurs parties remarquables concernent le fruitier, le potager, la roseraie.

Les jonquilles du record

La première opération d’envergure concernant le jardin fut la plantation par les 400 villageois, en 1997, de 220 000 bulbes de narcisses, aujourd’hui naturalisées, dont la floraison explose chaque année au printemps, créant un décor somptueux au château qui émerge sur cette mer de fleurs (estimée aujourd’hui à 500 000 jonquilles !).

L’idée a été d’en concevoir un bouquet de près de 90 000 fleurs sur un mur du château, évoquant le célèbre tableau d’Utrillo « Le Moulin de la Galette », ce qui lui valu l’inscription sur le livre du Guinness des records comme « plus grand bouquet du monde » (9 x 21 m). Sur cette partie du jardin ont été plantés des arbres sélectionnés pour la couleur de leurs feuilles à l’automne.

Le labyrinthe des fruitiers

Un labyrinthe d’arbres fruitiers © J.-F. Coffin
Un labyrinthe d’arbres fruitiers © J.-F. Coffin
Douze jardins à thèmes, de la vigne aux légumes, en passant par les graminées © J.-F. Coffin
Douze jardins à thèmes, de la vigne aux légumes, en passant par les graminées © J.-F. Coffin

Le jardin principal, dont les travaux ont été entrepris en 2002, est composé d’un système de parcours labyrinthique formé de douze petits jardins à thème : jardin vert, jardin blanc, jardin rouge, jardin bleu, jardin jaune, jardin des sorcières (plantes toxiques et plantes noires), jardin des petits fruits, une vigne, jardin des cucurbitacées, jardin des graminées, jardin aquatique et un labyrinthe d’arbres fruitiers. Ce dernier constitue une partie remarquable du jardin. Taillés en palmettes, ces arbres sont l’une des passions du propriétaire. Ce sont plus de 600 arbres fruitiers de variétés anciennes et modernes qui ont été plantés, dont 120 variétés de pommiers et 100 de poiriers Ils sont taillés en plus de 40 formes fruitières différentes et. Gilles Briens a su s’entourer de conseils comme ceux de Jacques Beccaletto, ancien jardinier en chef du potager du Roi à Versailles et auteur de nombreux ouvrages sur ce sujet. Le jardinier Stéphane Chavasse veille toute l’année aux productions florales et fruitières partagées avec le village et de nombreuses associations caritatives.
Un potager est également cultivé par les enfants de l’école maternelle voisine.

Faites le détour

La taille en palmette, une des passions de Gilles Briens © J.-F. Coffin
La taille en palmette, une des passions de Gilles Briens © J.-F. Coffin

Les jardins du Château Saint-Bernard sont un bel exemple d’un passionné qui le partage avec son village et le public invité à le visiter d’avril à septembre. N’hésitez pas à faire le détour dans cette région de la Dombes où vous découvrirez aussi une richesse de biodiversité, notamment la zone d’étangs classée Natura 2000, avec une diversité ornithologique remarquable.

 

 

Gilles Briens a fait appel à un ferronnier d’art pour élaborer le palissage des végétaux, comme ici pour la vigne © J.-F. Coffin
Gilles Briens a fait appel à un ferronnier d’art pour élaborer le palissage des végétaux, comme ici pour la vigne © J.-F. Coffin

 

Un partenariat avec les professionnels

La création du jardin du Château Saint-Bernard a été réalisée en partenariat avec :

Pour la fourniture des végétaux :

– les roseraies Guillot
– la pépinière du Lac des sapins (vivaces) ;
– la Pépinière Mesmin (arbres fruitiers anciens) ;
– la pépinière de Lay (arbres fruitiers anciens) ;
– Starfruit (arbres fruitiers modernes) ;
– Les pépinières Delbard.

Pour la conception du jardin :

– Agnès Daval, paysagiste, auteur du dessin du jardin ouest ;
– Claire Belle, auteur du dessin de la roseraie ;
– La société Créa-Nature, pour le terrassement et la création générale du jardin et des pièces d’eau.

 

Jacques Briens entouré de sa famille et des jardiniers lors de la remise du prix du Jardin de l’année. - © J.-F. C.
Jacques Briens entouré de sa famille et des jardiniers lors de la remise du prix du Jardin de l’année. © J.-F. C.

Prix du Jardin de l’année de l’AJJH

Le « Prix du Jardin de l’année » est attribué par un jury de journalistes et de photographes. Les critères de sélection reposent sur la singularité des jardins, leur intérêt en toute saison, « et parce que nous aimons que leurs créateurs-jardiniers aient le désir de les partager avec le public », explique l’AJJH, association des journalistes du jardin et de l’horticulture qui organise ce prix.

Le jardin du château Saint-Bernard a été élu jardin de l’année en 2013.

 

Le jardin du château Saint-Bernard
152, avenue Suzanne Valadon
01600 Saint-Bernard
Tél. 04 74 00 37 62
www.chateau-de-saint-bernard.fr

 

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