Gérer les maladies et ravageurs émergents en surveillance biologique du territoire

Jérôme Jullien

La surveillance biologique du territoire (SBT) permet de suivre l’évolution de la santé des végétaux. Depuis plus d’un siècle, les services phytosanitaires détectent l’apparition de nouveaux bioagresseurs des cultures en France. Certaines introductions sont mémorables comme la graphiose de l’orme en 1916, le chancre coloré du platane en 1944 ou le feu bactérien des Rosacées en 1972. Mais déjà au XIXe siècle, les paysans avaient constaté l’apparition de redoutables ravageurs et maladies, tels que le mildiou de la pomme de terre dans les années 1840, le phylloxera de la vigne en 1863 et le mildiou de la vigne en 1878. Les jardins d’amateurs n’échappent pas à ces émergences. Ils sont mêmes parfois les premiers concernés, comme en 2003 avec l’arrivée du phytopte du fuchsia (Aculops fuchsiae) chez un collectionneur privé de Loire-Atlantique de retour d’un voyage botanique.

 

Chenille de la pyrale du buis (Cydalima perspectalis) - © Jérôme Jullien

Chenille de la pyrale du buis (Cydalima perspectalis) - © Jérôme Jullien

 

De nouveaux ennemis sont apparus sur les cultures dans notre pays ces vingt dernières années, provoquant localement de graves dommages. Ces parasites sont soit non européens et introduits accidentellement, soit indigènes mais en progression sur le territoire. Les plus nuisibles font l’objet d’une évaluation officielle des risques phytosanitaires au sein de l’AESA au niveau européen et de l’ANSES-Laboratoire de la santé des végétaux en France, sur saisine du ministère chargé de l’agriculture et de la forêt (DGAL-Sous-direction de la qualité et de la protection des végétaux). Ces bioagresseurs figurent également sur les listes d’alerte de l’Organisation européenne et méditerranéenne de protection des plantes (OEPP).

 

Augmentation des risques avec la mondialisation

L’une des principales causes d’introduction des bioagresseurs émergents sur notre territoire est la mondialisation du commerce des plantes et des produits végétaux. Les échanges sur de grandes distances se font surtout par le transport des semences, des boutures et jeunes plants, du bois et des produits récoltés (céréales, fruits, légumes…). L’activité humaine a sa part de responsabilité, notamment au cours des grands événements internationaux : les floralies, les jeux olympiques, les expositions, les grands aménagements nécessitant l’importation d’arbres adultes, sont parfois le théâtre d’introductions massives d’organismes nuisibles d’origine exotique, tels que la teigne du bananier (Opogona sacchari). Pour éviter ces situations, le matériel végétal est en principe accompagné d’un certificat phytosanitaire à l’importation s’il est originaire d’un pays tiers situé hors de l’Union européenne et d’un passeport phytosanitaire s’il est destiné à une remise en culture et circule en intra-communautaire. S’ajoutent à ces situations déclarées, des lots ou échantillons qui arrivent à destination dans les bagages des voyageurs, les colis postaux ou à la suite d’un achat sur Internet. La responsabilisation des particuliers, amateurs et collectionneurs de plantes, est sur ce point particulièrement importante pour renforcer la vigilance mise en œuvre par les professionnels et les pouvoirs publics, conformément à la réglementation phytosanitaire en vigueur.

 

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