Filets anti insectes pour protéger potager et verger

Daniel Veschambre

Pour protéger efficacement les cultures contre de nombreux ravageurs, les nouveaux matériaux à base de polyéthylène, polyamide, polypropylène ou polyester offrent désormais une opportunité à la portée du jardinier.
Double ensachage plastique et papier hydrofuge opaque
Double ensachage plastique et papier hydrofuge opaque – © D. Veschambre

 

Les ravageurs visés par les filets anti-insectes à base de nouveau matériaux sont nombreux : mouches des légumes en particulier celle du genre Delia ( m. des semis, m. du chou, m. du navet, m. de l’oignon) et Psyla (m. de la carotte), mouche du poireau, noctuelles terricoles et défoliatrices, piérides du chou, pucerons notamment de la laitue, carpocapses de la pomme, de la poire et de la pêche, mouche de la cerise, drosophile Suzuki de la cerise et de la fraise…. S’ajoutent les divers oiseaux (granivores, frugivores), les lapins, les frelons, voire les cervidés…

Pose à plat
Filet à larges mailles contre les oiseaux – © D. Veschambre

Pose à plat
Toile intissée contre mouches et altises – © D. Veschambre

Le choix et la mise en œuvre de ces matériaux dépendent avant tout de la taille des ravageurs et de leur biologie (cycle de vie, mode de déplacement en particulier), les dimensions des mailles du filet étant essentielles. Leur disposition dans le jardin doit respecter les légumes et fruits en croissance et permettre les déplacements du jardinier pour l’entretien.

Pose à plat

Pour protéger un semis des oiseaux granivores, un filet à large maille tendu au-dessus du sol suffira. Pour éviter les attaques de mouches et d’altises, des toiles à maille plus fines ou un intissé sont nécessaires, en prenant soin de bien bloquer la toile au niveau du sol : il faut éviter la prise au vent et assurer l’étanchéité, en ayant recours à des sacs de sable ou de gravier ou des briques (l’enterrement du bord est plus laborieux). La pose doit se faire dès le semis ou la plantation. Le retrait se fera en fonction du développement de la culture. Il y a des risques de déformation de feuilles et de végétation mal maîtrisée, la toile générant une atmosphère confinée plus chaude (jusqu’à 5°C par temps chaud en journée) et plus humide, avec un développement exubérant du feuillage et des risques de développement de maladies. Sur laitue, il est recommandé de retirer la toile au début de pommaison.

Pose sur arceau

Le jardinier peut fabriquer lui-même des arceaux en fil de fer galvanisé diamètre 5 mm ou bien avec des fers à béton coudés. Même efficacité que les toiles posées à plat mais sans certains inconvénients liés au développement du feuillage. Ceci est mieux adapté au poireau, à la carotte et aux choux. Même exigence concernant l’étanchéité, en privilégiant le blocage par des sacs de sable ou des briques : il est alors facile de retirer la toile le temps d’un désherbage. L’atmosphère est moins confinée dans ce dispositif que pour une pose à plat.

La toile posée sur arceaux permet le développement du feuillage © D. Veschambre

Pose verticale

Filet verticalLa pose verticale est intéressante pour les mouches des légumes, notamment du genre Delia qui volent au ras du sol, et, dans une moindre mesure, du genre Psyla. Le filet doit être bien bloqué au niveau du sol. La mouche, gênée par le filet, va remonter et voler vers le soleil. L’efficacité de la barrière du filet est renforcée par un large rebord en visière. Les attaques ne sont pas totalement supprimées mais réduites à un niveau acceptable.

Points clés à respecter : rebord en visière, blocage du filet à niveau du sol, propreté des bordures de l’enclos à l’intérieur et à l’extérieur.

Avantages : dispositif peu couteux, supports fabriqués par le jardinier à partir de fers à béton de 1,75 m, bien adapté aux petites parcelles, pas d’effet indésirables sur les cultures ; facilité d’accès pour le jardinier pour l’entretien ; efficacité secondaire sur de gros ravageurs (lapins, cervidés…)

Inconvénients : sensibilité au vent, nécessitant des supports suffisamment rapprochés en fonction de l’exposition au vent et un bon arrimage du filet aux supports (nombreux clips ou pinces à linge)

Pose par enveloppement

Filet anti mouche – © direct-filet.com

L’enveloppement individuel de chaque arbre n’est concevable que pour les fruitiers à récolte printanière puisqu’il faut enlever l’enveloppe de suite après récolte afin de ne pas déformer les jeunes pousses. Le cerisier peut être protégé ainsi de la mouche de la cerise et de la drosophile Suzuki et bien sûr, des oiseaux : c’est actuellement le seul moyen de protection. Mais l’arbre doit être formé en basse tige, avec un port ramifié et un greffage sur un porte greffe de faible vigueur.

L’enveloppement du rang peut être réalisé pour le raisin de table conduit en cordon. La pose du filet dans toute sa largeur à cheval sur le rang de pieds de vigne intervient au moment de la véraison, en août, alors que la croissance des tiges ralentit. Il est nécessaire de bien attacher les bords de filet entre eux pour résister au vent. Ceux en intissé sont les plus intéressants. Plus rapide et aisée que l’ensachage, cette méthode est efficace pour protéger les grains des oiseaux, guêpes set frelons.

Pose de filets en rideau

La pose de filets en rideau est envisageable dans les cas, aujourd’hui peu fréquents, de fruitiers en espalier adossés à un mur. L’objectif est de protéger les fruits des attaques de carpocapse et des frelons (pommier et poirier). Des supports fixés dans le mur permettront d’accrocher un filet qui sera déployé jusqu’au sol et le mieux fermé possible, sur toute la durée des vols (maintenant au nombre de 3 par an), de début mai jusqu’à la récolte.

Ensachage des fruits

Sac papier hydrofuge
Sac papier hydrofuge – © D. Veschambre
© D. Veschambre
Feuille d’intissé pliée en deux et soudée – © D. Veschambre

Pour les arbres de plein vent, quelle que soit leur forme, l’ensachage individuel des fruits (pomme, poire, pèche, raisin) reste une pratique toujours d’actualité contre les carpocapses et aussi les guêpes, les frelons et les oiseaux.

Pour les pommes et poires, la pose doit être faite avant les premiers vols de carpocapses qui interviennent fin mai et jusqu’à la récolte. Attention aux 3e vols tardifs qui, depuis quelques années, se produisent à l’automne. Pour le raisin de table, la pose peut se faire après véraison (début août).

Les sacs opaques risquent de gêner la coloration des pommes. Il convient de les retirer deux semaines avant la récolte avec des risques évidents de dégâts. Le double ensachage peut y remédier, mais présente plus de difficultés pour la pose. Préférer alors les sacs en intissé soudé fait soi-même.

La feuille d’intissé de 30 cm x 60 cm est pliée en deux et soudée (fer à repasser à sec sur « coton » en protégeant l’intissé avec du papier sulfurisé. Le sac ainsi formé est bloqué sur le rameau portant le fruit, avec un lien ou une attache plastique bien serrée.

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