Est-ce que les fleurs d’un arbre donnent toujours des fruits?

Daniel Veschambre

Un fruit est toujours issu d’une fleur, mais une fleur ne donne pas nécessairement un fruit et cela pour plusieurs raisons.

Le fruit est le résultat du développement de la partie femelle (ovaire) d’une fleur fécondée (dans la majorité des cas). La fécondation consiste à ce que du pollen issu des étamines (partie mâle d’une fleur) parvienne sur le stigmate de l’ovaire d’une fleur de la même espèce (Figure). Ce pollen doit ensuite «germer» et parvenir aux ovules, qui donneront les graines après fécondation.

Figure Tomate

Il existe selon les espèces de végétaux supérieurs, 3 types de fleurs :

• Des fleurs dites bisexuées comme ci-dessus, comportant les 2 types d’organe mâle et femelle. Ces fleurs sont dites hermaphrodites. C’est le cas de très nombreuses espèces comme par exemple la tomate, le pétunia, le chêne, le rosier le pommier,…
• Des fleurs uniquement mâles (étamines sans ovaire)  et des fleurs uniquement femelles (ovaire sans étamine ou étamines atrophiées). Ces fleurs différentes peuvent être sur la même plante (maïs, noisetier),dite plante monoïque. Elles peuvent être sur des plantes différentes (kiwi, asperge, Gingko, certains houx, saules, argousier…). Dans ce dernier cas il y a donc des plantes mâles et des plantes femelles au sein de la même espèce qui est dite dioïque.


Les fleurs ne pourront donner de fruits dans les cas suivants :

• Il s’agit de fleurs d’une plante dioïque mâle ; ou des fleurs mâles d’une plante monoïque c’est le cas, par exemple, des premières fleurs apparaissant sur un pied de melon (ensuite les autres fleurs seront hermaphrodites et donneront des fruits).
• Le pollen n’est pas parvenu sur le stigmate de la fleur femelle  pour différentes raisons : absence d’insectes pollinisateurs et/ou de vent qui favorise le transport du pollen, conditions climatiques défavorables au pollen,…
• Le pollen n’est pas compatible avec l’ovaire. En effet il existe des espèces qui s’auto-pollinisent en tout ou partie et d’autres dont le pollen fécondant doit venir d’autres plantes de la même espèce mais d’une variété compatible dite pollinisatrice. Ainsi cette pollinisation croisée est obligatoire chez les chicorées et chez les espèces fruitières majeures de nos climats tempérés et leurs apparentées (pommier, poirier, prunier, cerisier, merisier, abricotier). C'est la raison pour laquelle, dans les vergers de production, on utilise des variétés pollinisatrices ou que l'on réalise des plantations à deux variétés compatibles. De telles espèces, en situation isolée et en l'absence de pollinisateurs (abeilles par exemple) peuvent ne pas produire de fruits.
• Les conditions climatiques sont défavorables à la croissance du pollen et à la fécondation des ovules (air trop frais ou gel). Bien que fécondée la fleur fanée chute sans donner de fruit.
• La plante peut réguler elle-même le nombre de fruits qu’elle peut porter et les  tous jeunes fruits fécondés vont tomber naturellement  (chute dite physiologique, fréquente sur pommier, poirier,  pêcher…).
• En horticulture, on a souvent sélectionné des variétés à fleurs dites doubles. Les pétales surnuméraires apparaissent, le plus souvent, au détriment des étamines. Privées de pollen, les fleurs ne peuvent ni s'autoféconder ni féconder d'autres fleurs, entraînant une stérilité forte. En contrepartie, la longévité des fleurs est plus importante. Beaucoup de rosiers, des viornes, les kerrias,… sont dans ce cas.

Au contraire, on peut citer des cas où des fleurs donnent sans fécondation des fruits (dits parthénocarpiques) : banane, concombre de serre.
 

 


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JdF 619, septembre-octobre 2012