Édito : L’homme et les géophytes

Noëlle Dorion

Jacinthes en vase - © C. Secq
Leurs floraisons enchantent nos sous-bois à la sortie de l’hiver (perce-neige, ficaires…) ou au printemps (muguet), elles surgissent sous les névés au tout début de l’été (crocus), ou embellissent nos jardins au printemps (narcisse, tulipe) et en été (glaïeul, lis, dahlia…). Ces plantes pérennes ont des caractéristiques de développement bien particulières. Si nous les appelons un peu facilement « bulbeuses ornementales », la botanique les nomme géophytes, indiquant ainsi que ces plantes passent leur mauvaise saison, bien cachées sous la terre, prêtes à croître et à fleurir grâce aux réserves qu’elles ont accumulées dans leurs bases de feuilles ou leurs écailles (bulbes), dans les racines, ou dans les tiges (cormus, rhizomes, tubercules,…). Dans ce nouveau dossier de Jardins de France, des spécialistes vous dévoilent la complexité de ce type de développement ainsi que sa diversité. Ils vous permettent ainsi de mieux comprendre pourquoi tel ou tel dans les jardins fleurissent au printemps ou en été ou encore « se repose » en été ou en hiver. Ils vous permettent du même coup de mieux appréhender les conseils pratiques qui accompagnent ce dossier. Bien qu’au fil du temps quelques géophytes ornementaux cultivés par l’homme aient disparu, la liste de ceux qui restent est encore longue. En dépit d’origines géographiques très diverses, certains de ces géophytes ont fait l’objet d’une véritable domestication, permettant ainsi à l’horticulteur de produire non seulement les organes de réserves qui sont plantés dans nos jardins ou dans nos parcs, mais aussi des plantes en pot et des fleurs coupées à volonté pour agrémenter nos demeures. Si les floraisons toute l’année sont faciles à maîtriser pour nombre de ces plantes (lis, alstroemère, iris bulbeux,..), certaines sont plus récalcitrantes, restent saisonnières et plus particulièrement produites pendant la période hivernale (jacinthe, tulipe,..). A propos de la tulipe, ce dossier ne pouvait oublier, « la tulipomania », cet engouement irraisonné, cette spéculation intensive qu’ont subi les bulbes au 17ème siècle, en particulier les bulbes virosés à l’origine de panachures spectaculaires. Ce dossier fait le point aussi sur quelques spécialités (dahlia, renoncule, anémone, alstroemère) dont les sélectionneurs français ont su tirer le meilleur parti, pour certaines, à la suite des travaux de l’Institut National Agronomique. Enfin, en prévision du réchauffement climatique, ou tout simplement pour apporter aux jardins une touche d’originalité, un spécialiste des bulbes méditerranéens nous a ouvert ses portes.

 

novembre-décembre 2012