Édito : Jardinage, alliance de la passion et de l’engagement

Michel Javoy

Aubergine indicatrice d'aleurodes poinsettia - ©  J. JullienLoin du mythe du retour à la nature vierge et intacte, un jardin, au sens le plus large du mot, demeure un assemblage de plantes, arrangé par la main de l’homme, donc par définition un état d’équilibre artificiel qu’il convient sans cesse de réguler en termes de gestion de la concurrence entre les plantes pour l’accès à la lumière, à l’eau et aux éléments minéraux et de protection contre leurs agresseurs.

En matière de protection des plantes, l’histoire de la défense des cultures, dont les grandes lignes sont retracées dans ce dossier, montre combien les conséquences des maladies et des attaques de ravageurs sur les plantes ont eu des répercussions gravissimes pour l’humanité. Elle met aussi en lumière les formidables avancées apportées par la découverte et l’utilisation des pesticides.

Aujourd’hui, les progrès de la science démontrent, de manière indéniable, qu’en matière de protection des plantes, la lutte chimique utilisée comme seul moyen conduit à une impasse, tant les capacités d’adaptation des insectes, champignons, virus et bactéries sont grandes. Toujours plus de produits chimiques conduit à toujours plus de résistances et, vouloir persister, contribue à mettre en péril notre santé et à perturber les écosystèmes. Désormais l’éradication des ravageurs des plantes, autrefois la règle, est remplacée par la régulation des populations de bioagresseurs qu’il convient de maintenir à un niveau tolérable par le jardinier. Le plan Ecophyto 2018 élaboré à la suite du Grenelle de l’Environnement fixe les objectifs d’une réduction drastique de l’usage des pesticides, pour la préservation des milieux (eau, air, sol). Cet objectif ambitieux ne pourra être atteint sans une surveillance étroite des bioagresseurs et des risques encourus. Cette action autrefois réservée aux agriculteurs est désormais élargie à tous les acteurs qui cultivent ou entretiennent les végétaux. Les jardiniers amateurs sont concernés.

Des réseaux de jardiniers observateurs, sur la base du volontariat et du bénévolat, devront progressivement se constituer pour exercer cette mission dénommée « Épidémiosurveillance ». La passion du jardinier pour l’observation de ses plantes et de leur environnement proche deviendra un engagement dans ce partage d’informations pour la cause commune. La SNHF accompagnera les observateurs en mettant à disposition une abondante documentation rédigée en termes accessibles à tous dont un ouvrage inédit intitulé « Guide pour les jardiniers amateurs : observation et suivi des bioagresseurs au jardin ».

En retour tous les jardiniers auront à leur disposition une information diffusée dans les « Bulletins de Santé du Végétal » (BSV) ; véritables outils pour un jardinage raisonné.

En participant à l’épidémiosurveillance dans les jardins, vous intégrerez un réseau de jardiniers référents et moteurs d’une évolution nationale œuvrant pour la santé des plantes. N’y a-t-il  pas là matière à contribuer au bonheur durable du jardinier !

 

Pour plus d’informations, consultez les contributions de nos spécialistes dans ce dossier de Jardins de France.