Du bulbe à la fleur, conseils pour réussir

Jean-François Coffin

Faire fleurir un bulbe est à la portée de tous. Mais si vous suivez un certain nombre de conseils pratiques, la floraison sera d’autant plus réussie ! Du choix du bulbe à la technique de plantation, voici quelques préconisations pour les bulbes qui fleuriront au printemps ou en été.

Tout se joue dès le choix du bulbe : il doit présenter un état sanitaire parfait. Champignons, bactéries, virus sont autant d’ennemis qu’il faut détecter avant de planter un bulbe, sinon, une fois en terre, les conditions seront favorables pour leur développement pouvant entrainer le pourrissement, jusqu’à la mort ! L’aspect du bulbe vous fournira un certain nombre d’éléments : évitez ceux qui présentent des tâches rougeâtres ou noirâtres présumant la présence de moisissures comme la « pourriture grise ». Attention aux meurtrissures, portes ouvertes aux maladies. La dureté est un signe : un bulbe mou est à proscrire, de même que s’il est dur, sec, « ratatiné ». Si vous constatez au moins l’un de ces symptômes, éliminez le bulbe. S’il a été récolté dans l’un de vos massifs, évitez d’en replanter au même endroit, « l’inoculum » (contaminant) restant dans le sol pouvant contaminer les bulbes sains. Enfin, le volume laisse présager de la qualité de la floraison : choisissez un bulbe volumineux, gorgé de réserves qui conditionneront la dimension et la beauté de la fleur. Pour le Dahlia, les professionnels ont même créé un « Label Rouge » qui vous garantit la qualité du bulbe (cf. l’article Dahlia du dossier). Entre la période d’achat et la plantation, conservez les bulbes dans un local frais, à l’abri de l’humidité et de la chaleur pour éviter l’initiation de sa germination.

Planter avant le grand froid

Pour les bulbes dits « de printemps », c'est-à-dire ceux qui fleuriront dès mars, la date de plantation doit se faire avant les gelées, en général avant la fin novembre, voire plus tard dans les zones à climat doux. Le but est de permettre aux racines de s’installer avant l’hiver pour d’être opérationnelles dès le printemps. Pour les bulbes dits « d’été », la plantation se fera à partir de fin mars ou plus tard dans les régions à climat froid, la plantation pouvant aller jusqu’en mai car les bulbes d’été sont parfois sensibles au froid.

Un sol meuble et bien drainé

La préparation du sol est classique : dans le cas d’un massif, bêchez, ameublissez la terre, éliminez mauvaises herbes et racines, enlevez la terre sur au moins 20 cm, profondeur à moduler en fonction de la dimension du bulbe et mettez-la de côté, au bord du massif, si possible sur une bâche pour éviter d’endommager la pelouse ou l’allée. Le bulbe étant un organe vivant, gorgé de réserves, il ne supporte pas les excès d’humidité pouvant le faire pourrir. La terre devra donc être légère. Dans le cas d’une terre lourde, argileuse, faites un apport de sable. Si vous souhaitez récupérer vos bulbes après la floraison, pour favoriser l’accumulation de leurs réserves, vous pouvez compléter par de la matière organique sous forme de terreau, à condition qu’il soit bien décomposé, sinon la matière en décomposition risque de faire pourrir le bulbe. Mélangez le tout avant de recouvrir les bulbes que vous aurez disposés « tête en l’air » au fond du massif.

Une profondeur fonction de la taille du bulbe

Les emballages des bulbes précisent, en général, les modes de plantation des bulbes, l’époque, la profondeur, la distance entre les pieds. Il est couramment admis qu’un bulbe doit être planté dans une profondeur égale à environ deux fois sa hauteur :
- Entre 0 et 10 cm, les bulbes de petite dimension comme les scilles, les crocus, les muscaris, les anémones.
- Entre 10 et 20 cm, narcisses, jacinthes, tulipes, couronnes impériales (fritillaires), ail géant,…

Des bulbes dans la pelouse

Si vous plantez des bulbes dans une pelouse, utilisez un plantoir à bulbes, instrument spécifique qui enlève une « carotte » de terre. Proscrivez le plantoir conique qui compacte la terre sur le bord du trou et, de plus, peut créer un vide sous le bulbe lorsque vous le disposez au fond du trou. La poche d’air restante sera néfaste au développement des racines. Vous pouvez disposer une petite couche de sable au fond du trou pour favoriser le drainage, surtout dans le cas d’une terre argileuse. Déposez votre bulbe et recouvrez-le de la terre de la carotte que vous aurez ameublie et débarrassée de l’herbe et des racines. N’oubliez-pas de tasser, sans excès, et d’arroser pour que la terre prenne bien sa place autour du bulbe.

Les bulbes que l'on peut laisser en terre

Aconit d’hiver, ail d’ornement, anémone, camassias, couronne impériale (fritillaire), crocus, iris, freesia, jacinthe, jonquille, lis, muscaris, narcisse, perce-neige, scille, tulipe botanique et, en général, tous les petits bulbes.

Protégez-les

Pour les bulbes de printemps en principe, aucune intervention n’est nécessaire jusqu’au démarrage de la végétation. Seulement, en cas de forte sécheresse hivernale, un arrosage s’imposera en dehors des périodes de gel. Pour les bulbes plantés en pots ou jardinières, il est conseillé de les protéger en cas de fortes gelées. Recouvrez les contenants avec, par exemple, du papier à bulles ou mettez-les dans un local à l’abri du froid pour les ressortir après les gelées. L’absence de lumière n’est pas un problème pendant le repos de la végétation. Dès l’apparition des pousses, que ce soit pour les bulbes de printemps ou ceux d’été, veillez à détecter une éventuelle attaque de pucerons. Leurs piqûres peuvent être source de contamination de virus.

Rêvez et osez

Quelle que soit l’utilisation du bulbe, dans un gazon, en massif, en pot, en jardinières, quel que soit leur usage, pour décorer le jardin ou pour la fleur coupée, vous avez un choix incroyable de bulbes. Fréquentez les rayons des jardineries, plongez-vous dans les catalogues de professionnels ou sur leurs sites Internet. Ils vous apporteront du rêve, rêve qui peut devenir facilement réalité grâce à leurs conseils !

Les conseils du pro

N’ayez pas peur, c’est facile !
La plantation de bulbes est à la portée de tous et vous êtes pratiquement assuré qu’ils fleuriront sans peine. Les bulbes que vous mettez en terre à l’automne comme les tulipes, les jacinthes et qui fleuriront au printemps ne nécessitent aucune intervention : pas besoin d’arrosage ni d’engrais ni de pesticides. Si vous plantez le bulbe la tête à l’envers, ce n’est pas catastrophique, il fleurira quand-même. C’est tellement simple que même les écoles en font planter aux petits enfants. Et tout le monde sera fier et ravi au printemps, lors de l’explosion des fleurs !

René Grange, directeur de Jeanne de Laval

Pour en savoir plus :

www.jardinsdefrance.org : en libre accès dans la rubrique Nos conseils pratiques, l’article Bulbes à floraison printanière : les clés pour bien fleurir.

www.jejardine.org, plusieurs conseils concernant les bulbes.

novembre-décembre 2012