Des plantes d’intérieur en bonne santé

Jean-François Coffin

« Je n’ai pas la main verte » : que de fois entendons-nous cette phrase tentant d’excuser, avec un peu de honte, d’avoir laissé périr une plante dans sa maison. Mais il est possible de reverdir cette main si l’on connaît un minimum d’exigences de la plante et, surtout, si l’on est attentif à son comportement. Un végétal qui souffre d’un manque ou d’un excès de lumière, d’eau, de température, de nourriture ou est malade vous le fait savoir.

Les orchidées ont besoin de lumière modérée et d’une ambiance humide. Elles apprécient qu’on leur vaporise régulièrement de l’eau sur leur feuillage et leurs « racines ». - © Jean-François Coffin

L’effet décoratif d’une plante en pot est indéniable, d’autant plus si elle est en bonne santé. Mais une plante rabougrie, jaunie, à moitié desséchée peut casser une ambiance. Voici quelques pistes, sans être exhaustif, qui vous permettront d’être fier d’avoir des plantes en bonne santé. A une condition : ouvrez bien les yeux. Vous pourrez découvrir de nombreux signaux que vous envoie la plante sur son comportement et qui vous permettront d’intervenir si elle en a besoin.

 

Une plante a besoin de lumière

Des tiges qui s’étiolent, qui se penchent en direction de la fenêtre, des feuilles qui pâlissent : autant de signes qui indiquent que la plante souffre d’un déficit de lumière. Cette dernière est indispensable dans la vie d’une plante puisqu’elle est la base de la photosynthèse qui permet de transformer le gaz carbonique de l’air en carbone, source vitale.

L’œil humain n’a pas la même perception de la lumière qu’un végétal. Si vous y voyez clair sur votre canapé dans un coin du salon pour lire votre journal, peut-être pensez-vous que la plante qui se trouve à côté reçoit suffisamment de lumière. Souvent, ce n’est pas le cas. Une plante qui se trouve sur le rebord d’une cheminée à trois mètres de la fenêtre recevra neuf fois moins de lumière qu’à proximité de la vitre ! Et cette intensité varie, naturellement, selon l’heure de la journée, l’exposition de la pièce et la saison. Cette distance de trois mètres de la fenêtre est le grand maximum supportable pour les plantes dites d’ombre.


Les plantes fleuries, celles à feuillage panaché ou doré ont davantage besoin de lumière que les plantes à feuillage vert soutenu. Il est fréquent qu’une plante à feuillage panaché redevienne verte par manque de lumière.

Le déficit de lumière peut être compensé par un éclairage artificiel comme un néon ou un halogène. Veillez à ne pas brûler la plante par la chaleur de la source de lumière. Il existe des éclairages spéciaux pour plantes que l’on peut trouver dans les commerces spécialisés en jardinage.

Attention également à l’excès de lumière : une plante exposée contre une vitre en plein soleil peut être gravement brûlée. Quand vous vous absentez, n’oubliez pas que le soleil « tourne ». Si le matin, la lumière à travers la vitre est agréable, à midi elle risque d’être violente lors de votre absence.

 

Des plantes pour faible lumière

Un indice très fiable de la tolérance à la faible lumière est donné par les feuillages bicolores, par exemple avec le dessus vert et le dessous rouge. Ce sont des végétaux équipés pour récupérer une lumière de sous-étage forestier, en général tropical. Les Marantacées entrent dans cette catégorie. D.L.


Chaleur, point trop n’en faut

Autre problème rencontré fréquemment dans l’intérieur des maisons : l’excès de température. Une plante a moins besoin de chaleur l’hiver que l’été. Trop souvent, nos habitations sont surchauffées en hiver par rapport aux besoins des végétaux d’intérieur (et même des besoins de l’être humain !). De nombreuses plantes sont, à l’origine, des plantes de mi-ombre et ont une exigence en chaleur modérée, aux alentours de 17-18°. Que de potées fleuries perdent leurs fleurs à cause d’un excès de chaleur ! Par exemple, un cyclamen supporte mal des températures dépassant 15°.

A l’inverse, l’été, nombreux sont les dégâts provoqués par les climatiseurs qui déversent leurs vagues de froid. Une plante y sera d’autant plus sensible si elle se trouve dans la trajectoire du souffle.

 

L’eau vitale

L’eau est source de vie. Mais comment savoir si la plante en a suffisamment à sa disposition ? Là aussi, il est facile de se rendre compte si elle en manque quand elle commence à « pencher de la tête », quand ses feuilles, souvent en commençant par celles du bas, se flétrissent, voire tombent. Certains végétaux ont leurs feuilles qui se recroquevillent ou s’enroulent sur elles-mêmes, manière de se protéger contre le dessèchement. Pour savoir si ces signes proviennent bien d’un manque d’eau, vérifier que la terre du pot est sèche. Il suffit alors d’arroser et la plante doit reprendre de la vigueur au bout d’environ d’une heure.

Une atmosphère trop sèche est préjudiciable, notamment en hiver, due au chauffage qui assèche l’air alors que la plupart de nos plantes d’intérieur viennent de pays tropicaux humides. Soyez attentif aux plantes posées à même le sol lorsque celui-ci est chauffant ou celles posées sur une tablette de radiateur. Pour compenser le dessèchement provoqué, il est souvent conseillé de poser les pots sur un contenant rempli de billes d’argiles et que l’on remplira d’eau en veillant à ne pas atteindre la base du pot. Pour compenser la sécheresse de l’atmosphère, une brumisation d’eau, à l’aide d’un vaporisateur, peut être bénéfique. Les orchidées, fougères, seront ravies de recevoir une brume humidifiante. Quant aux courants d’air, de nombreuses plantes n’aiment pas. Ils dessèchent l’atmosphère, peuvent entrainer des écarts brusques de température. La plante peut réagir, notamment par la chute de ses fleurs.

Eau calcaire, danger !

« Une bonne manière de faire dépérir une plante d'intérieur « acidophile »  est de l'arroser avec une eau de pH alcalin (calcaire). On détruit très rapidement le substrat...et la plante. Les Bégonias ne supportent pas. D'une façon générale, les plantes d'origine tropicale doivent être arrosées avec une eau de pH acide. Ce n'est pas le cas de l'eau de la distribution publique de nombreuses régions, à commencer par la région parisienne. Il faudra donc arroser avec une eau minérale non calcaire que l’on trouve dans le commerce » D.L.

 

Excès d’eau dangereux

Le flétrissement peut provenir d’une autre origine, par exemple un excès d’eau qui asphyxie les racines et les fait pourrir. Ces racines sont vivantes et ont besoin de respirer pour assurer l’alimentation en sève de la plante. Vérifiez bien qu’il ne reste pas de l’eau en permanence dans la soucoupe sous le pot, cas hélas très fréquent.

Mais l’excès ou le manque d’alimentation en eau du végétal peut provenir aussi d’un substrat non adapté.

 

Le substrat, terre nourricière

Le « substrat », ce que l’on nomme communément la terre qui se trouve dans le pot, peut avoir des compositions bien différentes. Les horticulteurs les élaborent en fonction des exigences des plantes. Le rôle du substrat est avant tout nourricier. C’est lui qui fournira à la plante les éléments nutritifs dont elle a besoin. Le terreau, à base de débris végétaux décomposés, est riche en humus qui alimentera la plante en azote, nourriture de base d’un végétal. Il permet aussi de retenir l’eau et  les éléments nutritifs tels ceux apportés par l’engrais. Un excès d’humus, qui rend le substrat acide, peut être bénéfique ou néfaste à certaines plantes. Celles dites de terre de bruyère, comme l’azalée, apprécieront.


Le substrat, réserve d’eau

Le substrat assure également la réserve en eau. Il agit comme une éponge en retenant l’eau d’arrosage et en la restituant à la plante. La tourbe assure très bien cette fonction mais, en contrepartie, sera peu riche en éléments nutritifs. A l’inverse, le sable ne retient pratiquement pas l’eau et sera réservé aux plantes comme les cactées ou sera utilisé en mélange pour alléger une terre trop compacte. Le substrat peut aussi comporter des billes d’argile, du mica expansé, des écorces, autant d’éléments ayant des caractéristiques spécifiques. Il existe même des produits de composition gélatineuse à forte capacité de rétention d’eau que l’on peut incorporer à la terre. Tout est donc question d’équilibre dans la composition du substrat. Elle doit tenir compte des exigences de la plante en humidité, en éléments nutritifs, de son exposition. Par exemple, le substrat d’une plante située dans des conditions asséchantes (température élevée, forte luminosité, sécheresse de l’atmosphère, …) devra être riche en élément à forte rétention en eau.

Vous pouvez composer vous-même votre substrat. Si vous ne le souhaitez pas,  vous trouverez dans le commerce celui convenant à vos plantes. « Terreau de rempotage », « terreau pour plantes d’intérieur » : deux exemples courants conditionnés dans des sacs plastiques dont le volume est exprimé en litres. Fiez vous à ce qui est indiqué sur l’emballage si vous avez besoin de terreau pour rempoter vos plantes ou pour remettre à niveau la terre d’un pot ou d’une jardinière. Il existe aussi des terreaux spécifiques pour agrumes, pour orchidées, pour cactées, …

 

« Les aleurodes, ici sur Fuchsia, sont détectables à la loupe et doivent être combattus » - © SNHFDes  parasites en tous genres

Votre plante est arrosée correctement, son pot contient le substrat idéal et pourtant elle dépérit, ses feuilles jaunissent, tombent. Elle est peut-être malade, attaquée par des champignons ou des parasites. Et, là aussi, ça se voit, à condition d’être muni d’une bonne loupe. Sur les tiges, des pucerons, verts ou noirs, peuvent sévir. Ces insectes piquent les tiges pour pomper la sève. Ce phénomène est souvent accompagné d’une moisissure noirâtre provoquée par un champignon alimenté par la sève puisée.

Regardez aussi attentivement sous la feuille malade. C’est là que peuvent se trouver une quantité de parasites : acariens, thrips, aleurodes, cochenilles, …

Autre source de maladies, des champignons peuvent se développer, favorisés par une ambiance humide. Parmi eux, il y a le fameux oïdium, duvet blanchâtre qui se développe surtout sur les feuilles. La « pourriture grise », caractérisée par des moisissures noirâtres, peut aussi sévir. Pour limiter le développement de ces maladies dites « cryptogamiques », veillez aux excès d’humidité et ne pulvérisez pas d’eau sur les feuilles si vous constatez leur présence.

Pour lutter contre les maladies et parasites, la solution consiste à éliminer les feuilles atteintes et à traiter avec un produit spécifique, si possible bio. Demandez conseil à votre fleuriste ou au vendeur d’une jardinerie. Portez-leur une feuille atteinte pour qu’il détermine l’origine du mal et vous propose une solution adaptée.

 

Aimez vos plantes

Avoir la main verte commence donc par bien observer le végétal. On dit qu’aimer les plantes, leur parler pourrait avoir une influence sur leur comportement. En fait, ces attitudes révèlent qu’on leur porte attention. Et c’est là que vous pouvez vous rendre compte de leur bonne santé ou de leur détresse. Dans ce cas, vous pourrez agir à temps pour les sauver. Aimez vos plantes, elles le valent bien et vous exprimeront leur reconnaissance !

 

Pour aller plus loin, avoir plus de détails et de conseils pour vos plantes, consultez le site http://www.jejardine.org/

En savoir plus sur les cochenilles farineuses sur citronnier, les aleurodes sur plantes d'intérieur ou comment soigner les plantes en pot.
 

1 thoughts on “Des plantes d’intérieur en bonne santé”

  1. Je suis contente d’avoir trouvé cet article concernant les besoins d’une plante. C’est printemps maintenant et j’aimerais bien planter les plantes sans les faire mourir. Je ne savais pas que la tourbe agit comme une éponge en retenant l’eau d’arrosage et en la restituant à la plante. C’est intéressant que vous ayez dit qu’il faut aimer les plantes et je pense que c’est très important aussi. Ça va les aider à pousser bien vite. Merci de ces renseignements utiles !

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