Connaître la nutrition minérale des végétaux pour bien fertiliser

Jacques Boccon-Gibod

Pour bien raisonner la fertilisation, il est important de connaître les mécanismes de nutrition des végétaux. Jacques Boccon-Gibod nous les dévoile par une approche scientifique qui nous montre avec précision la complexité de la nutrition d’une plante.

 

Connaître les mécanismes de nutrition des végétaux permet de raisonner la fertilisation pour obtenir des plantes de qualité et résistantes aux maladies - © J.-F. Coffin

Connaître les mécanismes de nutrition des végétaux permet de raisonner la fertilisation pour obtenir des plantes de qualité et résistantes aux maladies - © J.-F. Coffin

 

La plante se nourrit de sels minéraux qui existent dans le sol sous forme d’ions et qui pénètrent dans les racines. De grandes surfaces racinaires et des systèmes actifs d’absorption expliquent que, malgré les faibles concentrations des ions dans la solution du sol, l’acquisition des nutriments minéraux par les plantes est un processus très efficace. Par ailleurs, des symbioses formées entre des bactéries ou des champignons (mycorhizes) et les racines, participent à l’acquisition de ces éléments minéraux. D’immenses progrès ont été réalisés récemment dans la compréhension des mécanismes moléculaires du transport ionique ainsi que des gènes impliqués dans la nutrition minérale.

 

Les éléments minéraux et la fertilité du sol.

Les principaux éléments minéraux dont la plante a besoin pour sa croissance sont dits essentiels et sont classés, selon les quantités absorbées, en macroéléments principaux : azote(N), phosphore(P), potassium(K) ; et secondaires: calcium(Ca), magnésium(Mg), soufre(S), sodium(Na). L’azote constitue un des éléments majeurs pour la croissance des végétaux, sa carence ayant un très fort impact sur la réduction de croissance. Il entre dans la constitution des protéines, des acides aminés, de la chlorophylle ainsi que de l’ADN.  Le phosphore intervient dans la photosynthèse, la gestion de l’énergie métabolique (ATP) et  entre dans la constitution d’enzymes ainsi que de nombreuses molécules. Il stimule la croissance et le développement des racines et des fruits. Le potassium a un rôle très important dans le contrôle de la pression osmotique, la régulation stomatique, l’économie de l’eau, ainsi que dans les résistances au stress hydrique, au gel et aux maladies. Il est donc nécessaire d'entretenir la fertilité du sol en reconstituant ses réserves par des apports de matières fertilisantes adaptées. Ces apports dépendront de la richesse du sol et des besoins des plantes. L’examen de la phase  solide du sol montre qu’il est constitué, en général, de  particules d’argile associées à des composés organiques, l’humus,  en  formant des  complexes argilo-humiques(CAH). Les CAH sont des gels colloïdaux  chargés négativement qui se lient aux ions chargés positivement (cations: K+, Ca++, H+, Mg++, NH4+,…). Ils sont ainsi des réservoirs de cations, caractérisés par leur capacité d’échange cationique ou CEC. Les ions chargés négativement (anions : NO3-, SO4--,…) sont libres et circulent dans l’eau du sol.

 

> Lire la suite

Jardins de France 631. septembre-octobre 2014