Arbustes à fleurs : un raisonnement de taille

Jean-François Coffin

Tailler peut être utile ou inutile. D’où l’importance, avant de vous lancer sécateur en main à l’assaut de vos arbustes à fleurs, de vous poser la question « pourquoi tailler ? ». Si vous devez vous y résoudre, quelques règles sont à respecter selon le type de végétal, afin que le résultat soit au plus proche de celui escompté.

Spiraea x billardii © D. Lejeune
Spiraea x billardii © D. Lejeune

 

Pourquoi vouloir tailler mes arbustes à fleurs, est-ce vraiment indispensable ? Telles sont les premières questions à vous poser avant de vous emparer de votre sécateur. On taille souvent par routine, voire par plaisir, sans forcément que la plante en ait besoin. Quoi de plus beau qu’un forsythia classique qui s’est développé naturellement ! Mais plusieurs raisons obligent souvent à tailler : l’arbuste prend une dimension trop importante, se « déplume » à la base de manière disgracieuse, ne joue pas le rôle qu’on lui avait attribué au départ comme constituer une haie ou parce qu’il a besoin d’être rajeuni. La taille permet aussi de supprimer branches mortes ou malades. Alors si vous avez besoin de tailler vos arbustes à fleurs, voici quelques conseils. Si la technique reste la même pour les arbustes à floraison hivernale, printanière ou estivale, leur taille n’interviendra pas à la même époque. Le mot d’ordre : tailler sans nuire à la floraison, voire même pour la favoriser.

 

Floraison printanière ou estivale

Les arbustes présentent deux types de floraison selon les espèces : soit ils forment leurs boutons floraux l’année précédant la floraison, soit ils les forment la même année. La taille suivra un raisonnement très logique : si l’arbuste forme ses boutons floraux avant l’hiver, processus pouvant être entamé dès la fin juin, on attendra la fin de sa floraison hivernale ou printanière pour le tailler. La période de taille s’effectuera environ quinze jours après la floraison. On parle alors de taille « en vert ». C’est le cas par exemple, en floraison hivernale, pour le Viburnum tinus (Laurier tin), l’Hamamelis ou le Lonicera fragrantissima. En floraison printanière, Chaenomeles (Cognassier du Japon), Kerria japonica (Corête du Japon), Mahonia, Forsythia, Spirea x van houttei, Syringa vulgaris. Mais attention, tous les arbustes à floraison printanière ne supportent pas la taille ! C’est le cas des azalées, camélias, magnolias, rhododendrons ou les skimmias. Pour les arbustes fleurissant sur le bois de l’année, la plupart du temps en été, on procèdera à leur taille en fin d’hiver afin de favoriser la pousse du jeune bois où se développeront les bourgeons à fleurs : Buddleia, Lagerstroemia, Hibiscus, Tamarix, Spirea biliardii.

 

Des règles à respecter

On ne taille que si nécessaire. La taille est un traumatisme pour la plante et peut être la porte d’entrée de maladies, bien que certains professionnels soulignent que cela n’ait pas été vraiment démontré. Dans le doute, il vaut mieux utiliser des outils propres, bien aiguisés afin que la coupe soit franche. Dans le cas de l’élimination de branches malades, désinfecter l’outil avec de l’alcool afin de ne pas contaminer les autres végétaux s’ils sont taillés avec le même instrument. Pour permettre à l’arbuste de se développer vers l’extérieur, on rabattra les branches centrales et on coupera les branches du pourtour au-dessus d’un bourgeon tourné vers l’extérieur. Cette taille se fera toujours au-dessus d’un bourgeon, à une distance d’environ 5 mm. Au-delà, vous aurez un « chicot » qui risque de pourrir et d’être d’un effet disgracieux. En dessous, trop près du bourgeon, la plante ne pourra pas cicatriser.

 

Produits de la taille

Veillez à la qualité de l’élimination des produits de la taille : toute branche morte ou malade coupée devra être brûlée. Les déchets verts sains peuvent être broyés et transformés en produits de paillage pour être utilisés dans vos massifs. Si vous n’avez pas le temps ou le matériel nécessaire, portez-les à la déchetterie. De nombreux ouvrages, articles existent sur la taille. Consultez-les, notamment via Internet. Vous y trouverez sûrement réponse à votre cas particulier, comme la liste des arbustes à floraison printanière ou estivale. Mais n’oubliez jamais la première question à vous poser : tailler, est-ce bien nécessaire ?
 

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter http://www.jejardine.org/
 

ACROTONIE ET BASITONIE

Le développement des végétaux répond à des règles physiologiques très complexes. Outre la lumière, la température, l'humidité, le géotropisme (gravité), les hormones jouent un rôle très important. Ces mécanismes interviennent différemment selon que la ramification de la plante est de type acrotone ou basitone.

- L'acrotonie correspond au développement favorisant les bourgeons à l'extrémité des branches. La taille des parties terminales favorisera alors le développement des bourgeons latéraux. C'est le mode de croissance des arbres et des arbustes de grande dimension. Parmi les arbustes à fleurs, l'hibiscus et le buddleia répondent à cette règle. Si l'on souhaite qu'ils ne se dégarnissent pas à leur base, il faudra les tailler relativement court, environ au tiers de leur hauteur, afin de favoriser le démarrage de rameaux à partir du bas.

- La basitonie est le mode de croissance suivi par la plupart des buissons. Le développement des bourgeons se fait à la base des rameaux et des branches au niveau de la souche, d'où le terme de basitone, donnant au végétal un aspect touffu. Mais avec le temps, les arbustes peuvent se dégarnir à la base. La taille, dite de "rajeunissement", s'impose alors. Elle interviendra surtout sur les branches du centre et se fera environ au tiers de la hauteur du végétal. Elle peut intervenir tous les trois ou quatre ans.


Le Forsythia de la photo de gauche a été taillé à la mauvaise époque, soit avant la floraison, limitant l’effet qu’il aurait pu obtenir comme celui sur la photo de droite taillé après la floraison -  © J.-F. Coffin

Le Forsythia de la photo de gauche a été taillé à la mauvaise époque, soit avant la floraison, limitant l'effet qu'il aurait pu obtenir comme celui sur la photo de droite, taillé après la floraison - © J.-F. Coffin